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Radio EBO-SURSY améliore les relations entre les communautés et les vétérinaires

EBO-SURSY Radio_Young Africans going through a training
Un programme radio pour sensibiliser au concept Une seule santé, aux zoonoses et aux maladies de la faune sauvage comme Ébola, a renforcé la capacité des communautés à mieux prévenir les foyers de maladies.

Sur le continent africain, la radio demeure étroitement liée à la vie communautaire, reflétant les réalités de la société et les préoccupations sanitaires qui sont les siennes. Elle reste aussi le moyen le plus sûr de délivrer des messages au public, particulièrement dans les zones difficiles à atteindre. Après le succès retentissant de la première phase de Radio EBO-SURSY (financée par l’Union européenne), l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) a continué de s’engager dans la prévention de l’apparition de foyers de maladies animales par le biais de programmes radio éducatifs.

Pour évoquer le cas précis de la République démocratique du Congo (RDC), pays qui participe au projet EBO-SURSY,  nous avons instauré un partenariat avec Radio Workshop afin de cibler ceux vivant dans des régions forestières à l’interface humain-animal ainsi que ceux qui sont à même de manger de la viande de brousse dans des zones urbaines. Radio Workshop a formé plus de 30 journalistes et jeunes reporters en matière de maladies zoonotiques et sur la façon dont les interactions avec la faune sauvage peuvent impacter la santé humaine. Comptant cinq stations de radio dans trois provinces, ces partenaires radiophoniques ont diffusé plus de 2400 messages pendant quatre mois, ont assuré plus de 80 émissions et ont accueilli 12 activités de vulgarisation.

Elderly man listening to EBO-SURSY Radio in DRC
Un homme écoute Radio EBO-SURSY à Mbandaka, République démocratique du Congo. © OMSA/Elijah Muwaza.

Radio EBO-SURSY s’est révélé être un programme extrêmement populaire rassemblant plus de 2,5 millions d’auditeurs.  Ce programme était plus populaire dans des zones rurales, telles que Mbandaka et Kisangani, que dans la capitale du pays. Sur un échantillon de 601 personnes interrogées dans le cadre d’une enquête d’évaluation, 42% des personnes interrogées à Mbandaka et 39% de celles interrogées à Kisangani ont précisé qu’elles écoutaient l’émission de Radio EBO-SURSY contre 22% à Kinshasa. La radio peut donc apporter un bénéfice tout particulier aux communautés isolées. Une conclusion positive a été de constater que:

73%

de ceux qui indiquaient écouter Radio EBO-SURSY étaient des auditeurs fidèles. Ils suivaient l’émission plusieurs fois par semaine

56%

d’entre eux en faisaient une affaire familiale, élargissant la présentation de ces leçons sanitaires critiques aux enfants et aux jeunes.

La radio peut donc apporter un bénéfice tout particulier aux communautés isolées.

« Étant donné l’importance de cette émission, j’ai dû prendre la décision d’acheter un poste de radio plus grand afin que ma famille toute entière puisse être informée à propos des zoonoses et apprendre les mesures de protection qui doivent être mises en place pour nous protéger nous-mêmes ainsi que notre environnement. »

Un auditeur à Yangambi, République démocratique du Congo

Créer les compétences de journalisme sanitaire au niveau local

Outre les avantages que présente l’éducation des familles en matière de maladies zoonotiques, Radio EBO-SURSY a renforcé les capacités des journalistes à répondre aux besoins sanitaires de leurs communautés face aux foyers de maladies. La radio populaire du Kinshasa, RTG@ a partagé le commentaire suivant « RadioEBO-SURSY a accru notre crédibilité. Avec le foyer de variole du singe les gens [disaient] : j’ai entendu RTGA en parler…nous sommes fiers d’avoir été l’une des premières stations de radio en RDC à commencer à sensibiliser à cette question. »

En capitalisant sur l’engagement des diffuseurs radiophoniques et des reporters avec Radio EBO-SURSY, ce projet a également créé un concours radiophonique à l’échelle de la nation. De nombreux reporters et diffuseurs radiophoniques de la RDC ont concouru pour le meilleur reportage et la meilleure émission centrés sur des thèmes tels que le concept Une seule santé, les zoonoses et la surveillance de la faune sauvage. Les juges, représentant chacun une facette du concept Une seule santé, ont récompensé les deux gagnants lors d’une cérémonie qui incluait la présence du Ministère de l’élevage. Ces émissions et reportages peuvent être rediffusés garantissant que les gens sur l’ensemble du territoire soient confrontés à davantage d’informations en matière de santé animale.

EBO-SURSY Radio_Lady speaking to a group of interviewers
Noella Kambaza, lauréate du concours radio de Radio EBO-SURSY parle à de jeunes reporters de Radio Workshop du reportage qui lui a valu de remporter ce prix et de l’importance de la radio dans la communauté.

Lorsque les citoyens ont la connaissance et la confiance de pouvoir en savoir plus sur la santé animale, cela change la perception qu’ont les gens des interconnexions existant entre l’animal, l’environnement et la société qui est la leur. Cela permet de sensibiliser de façon que les gens peuvent se maintenir eux-mêmes et la faune de leur communauté à l’abri des maladies, même dans des régions éloignées. C’est vital pour les lieux où le réflexe de consulter des experts en santé animale est inexistant.

Améliorer les relations des communautés avec les vétérinaires locaux

L’objectif premier de ce programme radio de l’Organisation mondiale de la santé animale a été de renforcer les relations entre les citoyens et leurs vétérinaires locaux. Lors de l’enquête d’évaluation, les résultats ont révélé que seuls, 19% des foyers interrogés au sein des communautés visées, avaient consulté un vétérinaire au cours des six derniers mois. Consulter un vétérinaire se faisait plus rarement dans les villages ruraux du projet (7.5%) et à Mbandaka (9%) que dans les grandes villes. Les communautés rurales ont encore à développer l’habitude de consulter des vétérinaires parce que, tout simplement, il est difficile d’en trouver : la raison la plus fréquemment invoquée pour expliquer que les foyers qui avaient voulu consulter un vétérinaire ne l’avaient finalement pas fait, était qu’il n’y avait pas de vétérinaire dans leur communauté (32%). Toutefois, même dans les zones urbaines, il n’est pas facile d’en trouver un :

« Imaginez l’abattoir [officiel] d’une ville, [ils] n’abattent que trois vaches par jour. Cela veut dire qu’il y a énormément d’abattages clandestins… Il y a des points d’abattage dans d’autres villes sans qu’il y ait de contrôle vétérinaire ».

Un vétérinaire de la République démocratique du Congo

Une autre raison qui explique pourquoi les vétérinaires ne sont pas prisés par les participants de l’enquête, est le manque de sensibilisation. Pour 30% des foyers, ils ne voyaient pas la nécessité de consulter un vétérinaire et pour 28% d’entre eux, le montant élevé des honoraires rendait la consultation d’un vétérinaire hors de portée.

Malgré ces diverses difficultés, Radio EBO-SURSY a créé une demande de vétérinaires dans les communautés où la radio était diffusée. Les résultats ont indiqué que 42% de ceux qui avaient consulté un vétérinaire n’avaient pas l’habitude de le faire avant la campagne radiophonique. Globalement, 37% du nombre total d’auditeurs de l‘émission avaient consulté un vétérinaire contre 11% des gens qui n’avaient pas écouté l’émission. Les auditeurs ont également souligné l’importance d’avoir suscité l’accès aux vétérinaires ainsi qu’aux produits et aux solutions dont ils ont eu connaissance par le programme de Radio EBO-SURSY, y compris la vaccination, le traitement des animaux malades, l’inspection des viandes et les consultations générales.

De telles conclusions ont permis de voir comment les futures émissions radio de l’Organisation mondiale de la santé animale pourront être ciblées au bénéfice de la communauté. Plus il y a de personnes ayant conscience de l’importance des vétérinaires pour la protection de la santé animale tout comme pour la santé des personnes et des écosystèmes qui les entourent, et plus il y aura une demande pour des prestations de ce type. 

Parce que la santé animale est notre santé.
C’est la santé de tous.