Rapport annuel, 2022

Protéger la santé de la faune sauvage en améliorant les systèmes de surveillance

Protecting wildlife against avian influenza
Alors que les humains empiètent de plus en plus sur de nouveaux territoires, les interactions entre les humains, les animaux domestiques et la faune sauvage sont devenues de plus en plus fréquentes. En 2022, l’OMSA a continué à favoriser des solutions innovantes pour améliorer les systèmes de surveillance à l’interface humain-animal-environnement.

Les maladies émergentes sont souvent imputées à la faune sauvage, mais elles peuvent également être causées par l’activité humaine, le changement climatique, la déforestation et même certaines pratiques agricoles qui perturbent les écosystèmes. Lorsque la nature et les écosystèmes sont déséquilibrés, la santé de tous en pâtit. Les animaux sauvages peuvent être tout aussi affectés que les humains par certains agents pathogènes, qui sont particulièrement désastreux pour les espèces menacées ou vulnérables. Les épidémies peuvent également entraîner des répercussions sur les moyens de subsistance, car la faune sauvage représente une source majeure de nourriture et de revenus pour les communautés locales. Les chauves-souris, par exemple, sont porteuses de maladies, mais sont également des pollinisateurs essentiels et des disséminateurs de graines, indispensables au maintien de la sécurité alimentaire humaine dans le monde ainsi qu’à la santé des écosystèmes.


La sauvegarde de la santé de la faune sauvage permet de maintenir l’équilibre d’écosystèmes cruciaux et de préserver la santé des animaux et des humains.

À Mbandaka, une femme vend de la viande de brousse à des familles locales sur la place du marché. Pour informer les populations sur les dangers de telles pratiques, le projet EBO-SURSY de l’OMSA propose des émissions de radio sur les chasseurs qui vendent des animaux morts de causes inconnues ou de maladies. ©WOAH/Elijah Muwaza

Renforcer la surveillance par la collaboration et la détection précoce

Dans son Cadre en faveur de la santé de la faune sauvage, l’OMSA propose des orientations et un parcours bien défini afin de relever les défis à l’interface humain-animal-environnement. La détection précoce étant essentielle pour la prévention des pandémies, l’OMSA contribue à renforcer les connaissances sur la santé de la faune sauvage, et œuvre au renforcement des capacités de surveillance au niveau national. La faune sauvage est par nature difficile à surveiller, mais la tâche peut être encore plus ardue si, par exemple, les systèmes de surveillance des animaux domestiques et sauvages sont gérés par des institutions distinctes. Il est nécessaire de pouvoir disposer d’un système hautement intégré, ainsi que d’une collaboration entre les secteurs de la santé animale, végétale et humaine dans le cadre de l’initiative « Une seule santé ». C’est pourquoi l’OMSA s’est déjà engagée dans des projets de collaboration à long terme avec de multiples acteurs, tels que la CITES qui régit le commerce des espèces menacées d’extinction.


La santé de la faune sauvage sur le terrain : collecte et analyse d’échantillons au Cameroun

Toutes les photos sont de J.-F. Lagrot

Des chercheurs collectent des échantillons d’excréments de céphalophes et de gorilles dans le parc national de Campo Ma’an.
Des techniciens prélèvent un échantillon de sang sur ce céphalophe. Les filovirus ou les anticorps attestant d’une réaction à ce virus sont recherchés pour la surveillance d’Ebola.
Des filets à chauves-souris et des bâches en plastique sont installés dans le parc national de Campo Ma’an pour recueillir excréments.
Un laboratoire mobile permet ensuite de retirer immédiatement les chauves-souris, de prélever des échantillons avant de relâcher les mammifères volants dans l’heure qui suit.
De retour au laboratoire, les échantillons prélevés lors de la mission sur le terrain sont répertoriés avant d’être stockés à -20°C.
Plus de 12 000 échantillons collectés ces dernières années y sont disponibles à tout moment pour de nouvelles analyses ou des analyses plus poussées.

2022 : l’année de la recrudescence de la grippe aviaire chez la faune sauvage

La collaboration sera déterminante pour endiguer la vague des multiples foyers de grippe aviaire qui ont perturbé la filière avicole en 2022, avec des taux de mortalité décimant des élevages entiers et conduisant à des abattages préventifs massifs. Bien que la plupart du temps, la grippe aviaire soit asymptomatique chez les oiseaux sauvages, les récents foyers ont entraîné un nombre inquiétant de morts dans la faune sauvage.

Cela nous rappelle à nouveau la rapidité avec laquelle certaines maladies peuvent passer d’une espèce à l’autre : 240 cas de grippe aviaire ont été signalés à l’OMSA chez des mammifères marins et terrestres tels que des loutres, des dauphins et même des grizzlis en 2022. La maladie tue un nombre sans précédent d’animaux sauvages, y compris parmi des espèces vulnérables et menacées d’extinction. L’infection de mammifères est relativement inhabituelle et indique que le virus continue à s’adapter rapidement, ce qui augmente le risque potentiel d’une future propagation chez les mammifères, y compris chez l’humain. À l’heure actuelle, la propagation de la grippe aviaire est principalement favorisée par les oiseaux sauvages migrateurs, ainsi que par le commerce réglementé et non réglementé des oiseaux, et s’est étendue à de nouvelles régions où la forme hautement pathogène de la maladie n’avait pas été détectée depuis 20 ans.Tout au long de cette crise, l’OMSA a encouragé la notification rapide des cas de grippe aviaire et a rappelé à ses Membres qu’ils devaient observer des pratiques strictes en matière de biosécurité et d’hygiène. Ces mesures sont communiquées par le biais d’un portail dédié à la grippe aviaire sur le site web de l’Organisation, où sont également disponibles les nouvelles lignes directrices sur la grippe aviaire et la gestion des risques liés à la faune sauvage.

Grâce au jeu « Alerte » et à d’autres initiatives de renforcement des capacités, comme la formation dédiée aux journalistes radio, le projet EBO-SURSY de l’OMSA implique les communautés dans les systèmes de surveillance sanitaire de la faune sauvage et leur donne les moyens de jouer un rôle actif dans la préparation aux pandémies. ©WOAH/Elijah Muwaza

Alerte : un jeu éducatif pour améliorer la santé de la faune sauvage

Pour prévenir les épidémies de fièvre hémorragique virale, il est essentiel de renforcer la préparation au niveau local et régional. En 2022, dans le cadre du projet EBO-SURSY, l’OMSA a lancé un nouveau jeu éducatif appelé « Alerte » pour aider à former le grand public à son rôle dans le système de surveillance.

Le jeu permet aux utilisateurs d’améliorer leurs connaissances sur leur rôle spécifique dans la chaîne d’alerte et de réponse – qui notifier et quand – de manière collaborative. Une communication précise et opportune sur la santé de la faune sauvage est cruciale ; c’est pourquoi le jeu a été développé par l’OMSA afin que les communautés se sentent plus en confiance pour signaler aux responsables locaux chargés de la santé et de la faune sauvage les éventuels foyers et les contaminations survenant au sein de leur environnement naturel. Le succès d’un système de surveillance de la santé de la faune sauvage dépend de l’implication totale de toutes les parties prenantes, et en particulier des communautés locales : en fournissant aux professionnels de santé des alertes précoces sur les contaminations au sein de la communauté, elles jouent un rôle essentiel dans la détection précoce des maladies.

Le personnel vétérinaire et les agents de terrain de tous les secteurs concernés sont également encouragés à utiliser le jeu. Celui-ci devrait les aider à mieux comprendre leurs rôles et responsabilités dans le système de surveillance de leur région.

En raison de son succès, le jeu sera adapté à d’autres régions qui en ont besoin, comme l’Asie.