Expériences pays

La lutte de la Namibie contre la rage : une réussite Une seule santé

Namibia battle rabies success story.

Au cœur des zones communales du nord de la Namibie (NCA), une bataille pionnière est menée contre la rage. Ici, les vétérinaires et leurs équipes mènent la charge, utilisant des méthodes innovantes et un dévouement sans faille pour réduire de manière significative les cas de rage humaine, marquant ainsi une réussite remarquable dans la lutte en cours contre cette maladie mortelle. 

Des campagnes de vaccination innovantes 

De juin à juillet 2023, des campagnes ciblées de vaccination des chiens ont été menées dans les cinq régions du centre-nord de la NCA : Oshana, Omusati, Oshikoto, Ohangwena et Kunene. Ces campagnes ont utilisé une stratégie ingénieuse, en mettant en place des points de vaccination désignés pour atteindre le plus grand nombre possible de propriétaires de chiens. L’approche était simple et efficace : créer de nombreux points de vaccination centraux accessibles où les propriétaires de chiens pouvaient amener leurs animaux pour les faire vacciner contre la rage. 

L’estimation de la couverture vaccinale dans des zones de peuplement vastes et dispersées est un défi monumental. Les équipes de vaccination utilisent une application mobile pour saisir et suivre les données relatives à la vaccination des chiens. La couverture vaccinale est calculée à partir d’une population canine estimée à l’aide d’un ratio homme-chien. Une méthode de capture-marquage-recapture pour estimer la couverture vaccinale a également été mise en place dans le cadre de cette campagne. Les chiens ont donc été marqués à l’aide d’une bombe de peinture colorée aux points de vaccination, puis la proportion de chiens marqués errant dans la soirée a été comptée. Cette méthode s’est avérée difficile sur le plan logistique en raison de l’étendue des zones concernées. Une autre méthode utilisant les données de la couche de peuplement à haute résolution (High-Resolution Settlement Layer – HRSL) a été employée pour estimer la couverture vaccinale autour du point de vaccination. 

Les données HRSL ont été exploitées pour estimer les populations humaines et canines dans un rayon de 2 km autour des points de vaccination. Cette méthode fondée sur les données a constitué une alternative réalisable lorsque les enquêtes conventionnelles n’étaient pas réalisables dans les conditions difficiles du terrain en Namibie. 

Dogs vaccinated against rabies in Namibia
Les chiens vaccinés ont été marqués à la peinture pour indiquer leur statut vaccinal lors de l’enquête post-vaccination. © WOAH/Tenzin Tenzin (2023) 

Obtenir des résultats face à des défis multiples 

À un point de vaccination, où 74 chiens ont été vaccinés, les données du HRSL ont permis d’estimer la population canine à 115 chiens, soit une couverture vaccinale de 64 %. Par ailleurs, une enquête menée auprès des propriétaires de chiens au point de vaccination indiquait une couverture de 86 %. Ces chiffres mettent en évidence la complexité de l’estimation de la couverture, car tous les propriétaires de chiens n’ont pas participé à la campagne de vaccination. 

Dans un autre point de vaccination situé à proximité, l’équipe a vacciné 70 chiens, le HRSL estimant une population de 93 chiens et une couverture de 75 %, tandis que l’enquête auprès des propriétaires de chiens estimait une couverture de 78 %. Ces résultats ont démontré l’application potentielle des données HRSL pour estimer la couverture dans des contextes de terrain difficiles.  

Cependant, des difficultés persistent. Le manque de moyens de transport et de ressources humaines pour former un nombre suffisant d’équipes de vaccination ont été des obstacles notables à la couverture d’un grand nombre de points de vaccination. Tout au long de la campagne, plusieurs observations ont été faites. Les écoliers ont joué un rôle crucial en amenant les chiens aux points de vaccination, profitant du fait que la campagne se déroulait pendant les vacances scolaires. L’équipe a vacciné 40 286 animaux de compagnie. Cependant, certains propriétaires de chiens n’étaient pas au courant du calendrier, ce qui souligne l’importance de la communication. 

Le renouvellement rapide de la population canine, avec de nombreux chiots et juvéniles (>50%), présentés aux points de vaccination a souligné la nécessité de campagnes de vaccination annuelles pour maintenir l’immunité du troupeau. L’éducation sur la rage dans les points de vaccination a été un grand succès, grâce aux bannières et aux affiches distribuées par la représentation sous-régionale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) pour l’Afrique australe. 

Des bannières et des affiches de sensibilisation ont été distribuées par la représentation sous-régionale de l’OMSA pour l’Afrique australe. © WOAH/Tenzin Tenzin (2023) 


La Namibie intègre la vaccination antirabique des chiens à la vaccination du bétail contre la fièvre aphteuse et la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) dans les centres de vaccination du bétail, où les propriétaires d’animaux de compagnie amènent également leur animal pour le faire vacciner contre la rage. Cette approche permet d’améliorer la couverture vaccinale en atteignant les endroits les plus reculés du pays. 

Un avenir meilleur dans la lutte contre la rage en Namibie

Alors que le monde entier célèbre la Journée mondiale contre la rage, la réussite de la Namibie est un exemple éclatant de l’impact que des personnes dévouées peuvent avoir dans la lutte contre la rage.

La bataille de la Namibie contre la rage a mis en évidence la puissance de l’approche « Une seule santé ». Du leadership du gouvernement à l’implication de la communauté, la stratégie du pays a non seulement réduit les cas de rage humaine d’environ 25 décès en 2015 à 7 cas en 2022, mais a également amélioré le partage des données et les services vétérinaires. 

En approuvant la stratégie nationale de lutte contre la rage, l’OMSA a validé l’engagement de la Namibie, ce qui lui a permis d’obtenir un soutien durable et de poursuivre la mise en œuvre de son programme de lutte. 

Dans les vastes zones d’habitation dispersées de la Namibie, les combattants de la rage en première ligne poursuivent leur mission, protégeant les vies humaines et animales, une vaccination à la fois. Leur dévouement est une lueur d’espoir dans la lutte acharnée contre cette maladie mortelle. 

Le programme d’élimination de la rage est cofinancé par le ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) et mis en œuvre par la direction des Services vétérinaires, avec le soutien technique de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et du Friedrich-Loeffler-Institut (FLI).