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Programme GBADs : faciliter la prise de décision en matière de santé animale grâce aux données en Éthiopie

A herd of cattle

Le programme Global Burden of Animal Diseases (GBADs – « l’impact mondial des maladies animales ») est un programme novateur dont la mission est d’aider les Services vétérinaires et leurs investisseurs à décider de l’affectation des ressources pour la santé animale aux niveaux local, national et mondial. Dirigé par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et l’université de Liverpool et mis en œuvre par un consortium d’instituts de recherche et d’organisations internationales, GBADs mesure et quantifie les pertes économiques dues aux problèmes de santé animale au niveau de l’exploitation et de la société dans son ensemble. Le programme fournit aussi des informations essentielles sur les lieux et les victimes de ces pertes, ainsi que sur les causes et les facteurs de risque. L’étude de cas GBADs actuellement conduite en Éthiopie révèle des informations précieuses sur l’impact significatif des maladies animales sur l’économie du pays et sur le besoin urgent de ressources supplémentaires pour résoudre ce problème pressant. 

Le paysage florissant de l’élevage en Éthiopie  

L’Éthiopie a été choisie pour l’étude de cas en raison de l’importance de son secteur de l’élevage, qui joue un rôle essentiel dans le soutien des activités agricoles, de la nutrition humaine et du commerce international. La production animale contribue à près de 20 % du PIB éthiopien, ce qui en fait une composante importante de l’économie du pays. Cependant, malgré son importance économique, le secteur de l’élevage est confronté au défi persistant des maladies animales qui entraînent des pertes substantielles pour les producteurs et la société.  

Afin de mesurer ces pertes de manière systématique et robuste, l’Éthiopie s’est engagée à servir de cas d’étude du programme GBADs.   

L’étude visait à fournir des données essentielles pour guider l’élaboration de politiques de santé animale fondées sur des données probantes et conformes aux objectifs nationaux de développement de l’élevage de l’Éthiopie. Pour ce faire, des méthodologies établies et nouvelles ont été utilisées pour estimer les pertes économiques causées par une santé animale sous-optimale. L’étude est dirigée par l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) et sous les conseils du Comité national de pilotage de l’étude de cas, présidé par le ministère de l’élevage. Celui-ci comprend des représentants du secteur privé tels que l’Association vétérinaire d’Éthiopie et EthioChicken, ainsi que des universitaires.

« La participation active du pays a joué un rôle déterminant dans la réussite du programme, et nous sommes fiers de contribuer à l’effort collectif d’amélioration de la santé animale à l’échelle mondiale ».

Dr Wubishet Zewde Wakene, Responsable de la prévention des maladies et de la santé publique vétérinaire, ministère éthiopien de l’agriculture.  

Données GBADs : de la collecte à la visualisation  

Depuis le début de l’étude de cas en janvier 2021, l’équipe GBADs Éthiopie a collecté des données pour tester les méthodes du programme afin d’obtenir des informations sur la population animale et sa biomasse, l’enveloppe des pertes en santé animale, l’attribution de l’enveloppe et l’impact sur l’ensemble de l’économie. Cette enveloppe de perte de santé animale représente les pertes monétaires résultant d’une santé animale sous-optimale. 

Dre Hayat Adem, Membre du conseil d’administration de l’Association vétérinaire d’Éthiopie

« Avec GBADs, les données vous parlent ».

Dre Hayat Adem, Membre du conseil d’administration de l’Association vétérinaire d’Éthiopie

En outre, l’étude a mis en évidence des impacts spécifiques au genre, soulignant que les femmes et les filles supportent des charges supplémentaires dues aux maladies du bétail, notamment une perte d’autonomie, de bien-être et des risques sanitaires accrus dus aux maladies zoonotiques. Bien que ces conclusions sur le genre soient essentielles, elles sont limitées par le manque de données quantitatives sur ces sujets ; plus d’attention et de recherche seront nécessaires dans les futurs efforts de développement de l’élevage.  

Renforcer les capacités des pays 

Au fur et à mesure que l’étude de cas éthiopienne du GBADs progresse, l’adoption et l’utilisation des résultats sont encouragées auprès des institutions utilisatrices finales, principalement le ministère de l’Agriculture et d’autres centres de recherche nationaux ; des mécanismes sont développés pour soutenir cet objectif. La perception de l’utilité de l’analyse économique par le ministère de l’agriculture et son étroite collaboration avec le programme GBADs ont conduit à la création du premier groupe central d’économie de la santé animale au sein des Services vétérinaires du pays, qui s’est engagé à promouvoir l’utilisation de l’économie de la santé animale pour soutenir la prise de décision au niveau national et infranational. L’équipe de l’étude de cas GBADs Éthiopie de l’ILRI a encadré le groupe et a organisé une formation en face à face sur l’économie de la santé animale.

En recevant une formation et un soutien sur l’économie de la santé animale et sur l’utilisation des données, ainsi qu’en intégrant GBADs à d’autres outils et systèmes de gestion du bétail, les Services vétérinaires nationaux seront mieux à même d’informer les politiques et les décisions en matière de santé animale.  

Le groupe de travail sur l’économie de la santé animale, récemment créé au sein des services vétérinaires éthiopiens. De gauche à droite : Dr Gashaw Beyene, Dr Derara Birasa, Dr Getahun Bahiru, Dr Kassaw Amsalu, Dr Wendu Mengesha, Dr Wubishet Zewdie.

En outre, les Services vétérinaires sont soutenus dans l’économie de la santé animale par la mise en place de centres collaborateurs de l’OMSA dédiés à ce sujet. L’un d’entre eux a été créé en 2021 par un consortium de trois instituts universitaires en Europe, dont l’Université de Liverpool au Royaume-Uni, l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas et l’Institut vétérinaire norvégien. Cette année, un centre a été créé dans les Amériques, réunissant l’université de l’État du Kansas et l’université de l’État de Washington aux États-Unis, l’université nationale autonome du Mexique, l’université de Brasilia et l’université de São Paulo au Brésil. La création de ces deux centres est un signal fort de l’intérêt du programme GBADs pour la communauté scientifique visant à soutenir les membres de l’OMSA.