Le manque de vétérinaires est un frein majeur à la sécurité alimentaire et à la sécurité sanitaire des aliments au niveau mondial
Paris, le 23 mai 2011 – Les vétérinaires jouent un rôle clé à tous les stades de la chaîne alimentaire, à savoir la production, la transformation, le transport et la distribution des produits d’origine animale dans de bonnes conditions de sécurité sanitaire, mais le faible nombre de praticiens vétérinaires tant dans le secteur privé que public dans de nombreux pays représente, à l’échelle mondiale, un obstacle important pour la production animale et la sécurité sanitaire des aliments au niveau mondial.
108 pays membres de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) ont participé à l’étude “Contribution des activités vétérinaires à la sécurité alimentaire mondiale pour les aliments issus des animaux terrestres”, et plus de la moitié d’entre eux ont signalé disposer de moins de 35 vétérinaires du secteur public par million d’habitants et de moins de 100 vétérinaires du secteur privé – intervenant dans la chaîne alimentaire – par million d’habitants.
“Les activités vétérinaires ont lieu à chaque étape de la chaîne alimentaire: production à la ferme, transformation, transport et distribution aux niveaux local et national ou pour l’exportation. Lorsque les vétérinaires sont trop peu nombreux pour remplir leurs tâches, l’ensemble du système de sécurité alimentaire et de sécurité sanitaire est affecté,” commente le Dr Dominique Martinez du CIRAD, coordinateur de l’étude.
L’étude, présentée lors de la 79ème Session générale de l’Assemblée mondiale des Délégués nationaux de l’OIE à Paris, souligne aussi que la production animale est omniprésente avec deux tiers des agriculteurs dans le monde vivant de systèmes mixtes (productions végétales et animales), qui représentent 50 % de la production mondiale de céréales, et produisant, respectivement, 75 % et 60 % du lait et de la viande produits dans les pays en développement, tout en générant des dizaines de millions d’emplois.
Une répartition inégale des ressources
L’étude souligne également que s’il existe bien un cadre institutionnel en matière de santé animale dans tous les pays étudiés, les ressources se concentrent de manière inégale sur les activités choisies. A titre d’exemple : 86% des pays signalent disposer d’une capacité théorique de détection précoce des risques zoosanitaires, mais 30% d’entre eux confirment qu’ils n’ont pas eu de suspicions portant sur un foyer de maladie au cours des 5 années précédentes, ce qui met en question l’efficacité de leur système de surveillance.
Pour ce qui est de la politique de sécurité sanitaire des aliments, les ressources des Services vétérinaires sont à l’heure actuelle principalement ciblées sur les activités d’inspection de l’abattage.
“A la demande de nos pays membres, et au vu des conclusions de cette étude, l’OIE accroîtra son soutien aux Services Vétérinaires dans le monde pour promouvoir une sécurité alimentaire et une sécurité sanitaire des aliments durables, dans une perspective à la fois environnementale et de santé publique. Notre mécanisme, la ‘Procédure PVS’, pour l’évaluation des Services vétérinaires, s’est révélé très pertinent pour atteindre cet objectif” a indiqué le Dr Bernard Vallat, Directeur général de l’OIE.
Les pays les plus pauvres sont les derniers servis
L’étude a confirmé que le budget attribué aux Services vétérinaires reste insuffisant, même lorsque la contribution qu’apporte la production animale au PIB est très élevée, ce qui est le cas dans les pays pauvres où le PIB agricole représente toujours une proportion très importante de l’économie du pays.
Les conclusions de l’étude reflètent la faiblesse globale des systèmes de surveillance de santé animale dans les pays en développement, soulignant que “du fait que plus de 90 % de leur budget consiste en une subvention d’Etat dans plus de 60 % des pays, le niveau de développement des Services vétérinaires est directement lié au niveau de développement économique des pays (…) même lorsque la part des productions animales dans leur PIB est très élevée.”
Un investissement plus important dans la prévention et la lutte contre les maladies animales ferait baisser les pertes de production animale et améliorerait l’accès aux aliments et leur sécurité sanitaire à l’échelle mondiale.