Un certificat récompense les Membres de l’OMSA pour le stockage sécurisé et la destruction de matériaux contenant le virus de la peste bovine

Lors de la Session Générale de cette année, un nouveau certificat a été décerné pour récompenser les Membres ayant fourni des efforts significatifs pour confiner et détruire les matériaux contenant le virus de la peste bovine conservés dans leurs installations.
Les Membres récompensés sont la France, pour la destruction complète de tous les matériaux de peste bovine à l’exception des vaccins destinés à la préparation internationale, et l’Inde, qui a été désignée comme Installation de Conservation du virus de la Peste Bovine et s’est engagée dans un processus de réduction de son inventaire dans le cadre de son nouveau mandat.
Cet événement marque la première fois que les Membres de l’OMSA reçoivent une telle reconnaissance, représentant une étape importante dans les efforts de long terme de l’organisation pour maintenir le monde exempt de cette maladie éradiquée – assurant ainsi la santé de tous.
La peste bovine est connue comme l’une des maladies du bétail les plus dévastatrices de l’histoire. Également appelée « peste des bovins », la maladie a eu des effets particulièrement graves sur les communautés dépendantes de l’élevage, provoquant des famines généralisées et ébranlant profondément le secteur agricole. Son éradication a été déclarée en 2011, en faisant la deuxième maladie virale éradiquée après la variole dans les années 1980. D’un point de vue économique, les bénéfices mondiaux liés à cette liberté chèrement acquise se chiffreraient en milliards de dollars.
Malgré son éradication sur le terrain, le virus de la peste bovine n’a pas entièrement disparu des laboratoires, douze institutions à travers le monde conservant encore des échantillons. La présence de ce virus pose un risque de réintroduction accidentelle de la maladie – voire, dans une moindre mesure, de libération délibérée par des acteurs malveillants. Les Membres de l’OMSA et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) se sont accordés pour que le virus ne soit conservé que dans des installations de conservation hautement sécurisées, inspectées et approuvées conjointement par les deux organisations. Huit de ces douze laboratoires répondent à ces critères.
Aujourd’hui, le meilleur moyen de prévenir la réapparition de la peste bovine est d’assurer la destruction des matériaux contenant le virus. Toutefois, certains scientifiques s’inquiètent de la perte irréversible de données virologiques, génétiques et de propriété intellectuelle que cette destruction implique. C’est pourquoi une initiative incitant les installations de conservation à effectuer un séquençage génomique des matériaux avant leur destruction a été largement adoptée.
La mise en œuvre du premier projet « Séquencer et détruire » a été dirigée par des scientifiques de l’Institut Pirbright – l’une des huit installations de conservation du virus de la peste bovine – avec pour objectif d’éliminer les échantillons de virus conservés dans l’institut, comme l’explique la Dre Carrie Batten, responsable du Laboratoire de référence pour les maladies non vésiculaires à Pirbright.
Le projet « Séquencer et détruire » comprend trois volets principaux :
- Données génétiques relatives aux isolats historiques du virus de la peste bovine;
- Mise en place d’une archive permanente de données génétiques, épidémiologiques et pathologiques ;
- Destruction du virus de la peste bovine.
L’établissement d’une archive permanente de données génétiques présente de nombreux avantages. Si jamais un virus vivant devait être nécessaire à nouveau, les avancées en biologie synthétique permettent aujourd’hui de le reconstituer relativement facilement à partir des données de séquence, afin de soutenir la recherche sur l’évolution virale et d’éclairer la lutte contre d’autres maladies animales et humaines causées par des virus similaires, comme le virus de la peste des petits ruminants (PPR). Cela signifie que, dans l’éventualité d’une réapparition de la peste bovine, la disponibilité immédiate d’informations génétiques dans des bases de données publiques permettrait de l’étudier et de retracer l’origine du virus.
« Il nous reste encore beaucoup à comprendre sur la peste bovine, car les campagnes d’éradication ont eu un impact sur l’évolution du virus lui-même », explique le Dr Arnaud Bataille du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).
Avec l’attribution du certificat à la France lors de la Session Générale de cette année, le CIRAD a démontré qu’il mérite la confiance de la communauté internationale pour la gestion sécurisée et la destruction du virus de la peste bovine.
C’est un accomplissement historique. Les derniers développements du projet ‘Séquencer et détruire’ nous montrent qu’il est essentiel de conserver la connaissance de cette maladie, qui pourrait s’avérer vitale pour comprendre les maladies de demain.
Marie-Christine Le Gal, WOAH’s Delegate of France.
Dans l’ensemble, le succès de la lutte contre la peste bovine – depuis son éradication révolutionnaire jusqu’aux récents efforts post-éradication et au séquençage des derniers stocks viraux mondiaux avant leur élimination – est une source d’inspiration pour la communauté de la santé mondiale. « La peste bovine offre un exemple fort d’unité et de sens commun du devoir au sein de notre profession », conclut la Dre Le Gal. « Cette unité a permis à l’ensemble du secteur de s’organiser, d’agir avec responsabilité et de progresser concrètement. C’est un modèle dont nous devrions nous souvenir et nous inspirer face aux nouveaux défis imprévisibles de notre domaine. »
En regardant vers l’avenir, l’OMSA soutient son Réseau d’Installations de Conservation du Virus de la Peste Bovine dans la démarche initiée par le CIRAD, en détruisant leurs stocks de matériaux, à l’exception des vaccins destinés à la préparation internationale. Les Membres de l’OMSA qui conservent encore des matériaux contenant le virus de la peste bovine en dehors des installations désignées sont encouragés à les détruire ou à soumettre une candidature pour être reconnus comme Installation de Conservation du Virus de la Peste Bovine.