Au-delà de l’obligation éthique de traiter les animaux avec dignité, garantir leur bien-être se traduit également par des avantages concrets pour les différentes parties prenantes. En donnant la priorité au bien-être animal, les abattoirs améliorent non seulement la valeur des produits, mais ils contribuent aussi à la sécurité sanitaire des aliments et à la qualité des produits, atténuant le risque de contamination et réduisant les cas de dégradation de la viande. Cet engagement en faveur de l’assurance qualité protège non seulement la santé des consommateurs, mais renforce aussi leur confiance et leur fidélité, ce qui aboutit en définitive à l’amélioration du rendement économique et de la durabilité pour le secteur dans son ensemble. 

Vers un abattage plus sûr et plus éthique 

C’est dans l’optique de défendre un abattage sûr et éthique que la révision de la norme sur le bien-être animal lors de l’abattage (chapitre 7.5 du Code terrestre) a été adoptée par l’Assemblée mondiale des Délégués au cours de la 91e Session générale de l’OMSA

Cette norme porte sur la garantie de bonnes conditions de bien-être animal lors des opérations d’abattage. En particulier, il fournit des mesures basées sur les animaux pour évaluer le niveau de bien-être et recommande des mesures correctives à appliquer, le cas échéant. L’inclusion d’indicateurs de bien-être animal est essentielle pour soutenir la mise en œuvre des recommandations incluses dans ce chapitre. De plus, grâce à une formation exhaustive et à l’évaluation des compétences, elle met en évidence le rôle décisif du personnel pour faire respecter les normes éthiques et attire l’attention sur l’importance de la formation pour comprendre les comportements spécifiques aux espèces, reconnaître les signes de détresse et mettre en œuvre des actions préventives.

Aussi, la norme explore les effets de la conception des locaux et du choix des équipements sur le bien-être animal, mentionnant des considérations telles que le confort thermique, la facilité de mouvement ou la prévention des blessures. Elle fournit des recommandations détaillées pour la manipulation des animaux se déplaçant librement lors du déchargement et de l’immobilisation, en mettant l’accent sur l’importance des équipements préventifs et d’un bon éclairage ainsi que sur la nécessité de réduire le plus possible les distractions afin de diminuer le stress des animaux et de garantir un traitement humain. Le chapitre aborde en outre les préoccupations relatives au bien-être qui concernent l’étourdissement en encourageant le recours à des méthodes efficaces ainsi que le suivi de l’efficacité de l’étourdissement pour faire respecter les normes éthiques tout au long du processus d’abattage. 

L’importance de l’adoption de normes internationales sur le bien-être animal lors de l’abattage ne sera jamais assez soulignée. Il s’agit d’une responsabilité collective visant à garantir un traitement éthique tout au long du processus d’abattage, en reconnaissant que le bien-être des animaux n’est pas uniquement un impératif moral mais une obligation commune. En faisant du bien-être animal une priorité, les parties prenantes veillent non seulement au respect des normes éthiques, mais contribuent aussi au bien-être des travailleurs et à l’assurance de la qualité des produits.

Par ailleurs, il est essentiel d’adopter ces normes pour aider les Membres qui n’ont pas encore de cadre réglementaire en place dans ce domaine. Un ensemble unifié et solide de lignes directrices permet de s’assurer que tous les Membres, quel que soit leur statut réglementaire actuel, parviennent à un niveau élevé de bien-être animal. Il est donc impératif pour toutes les parties concernées de protéger le bien-être animal, en reconnaissant que cela ne profite pas uniquement aux animaux eux-mêmes, mais également aux travailleurs qui s’occupent d’eux et aux consommateurs qui comptent sur des produits sûrs et fabriqués de manière éthique. 


Avez-vous lu ?

Les maladies vectorielles deviennent une menace importante tant pour la santé humaine que pour la santé animale, une augmentation inquiétante de leur prévalence et de leur propagation ayant été observée ces dernières années. L’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) a mis en évidence cette préoccupation croissante dans son dernier rapport « Situation de la santé animale dans le monde » couvrant 2023 et début 2024, présenté lors de sa 91e Session générale. Cette analyse apporte quelques éléments supplémentaires concernant le lien complexe entre le changement climatique et la dynamique des maladies vectorielles, soulignant le besoin urgent d’une surveillance efficace et de mesures de lutte.

Les effets du changement climatique sur les maladies vectorielles 

Les maladies vectorielles, qui englobent les maladies transmises par des vecteurs comme les moustiques, les tiques et les mouches, se développent dans certaines conditions environnementales. Les conditions climatiques des régions tropicales les rendent particulièrement vulnérables à ces maladies. Cependant, le changement climatique refaçonne ce paysage, modifiant la densité des vecteurs, leurs périodes d’activité et leur distribution géographique. Ces évolutions facilitent l’expansion des maladies vectorielles dans de nouvelles zones, ce qui pose des risques substantiels pour des régions auparavant non touchées. 

Le rapport de l’OMSA sur la situation de la santé animale dans le monde souligne la complexité de ce problème, relevant qu’il existe à la fois des voies biologiques et non biologiques qui influencent la transmission des maladies vectorielles. Il est clairement prouvé que le changement climatique est un facteur déterminant dans la propagation de ces maladies, ce que corroborent les données d’observation. Celles-ci montrent en effet une tendance à la hausse des latitudes maximales auxquelles des maladies vectorielles sont signalées, reflétant étroitement les anomalies de la température mondiale. 

Les tendances émergentes des maladies vectorielles 

Les données communiquées au moyen du système d’alerte précoce du Système mondial d’information zoosanitaire (WAHIS), entre 2023 et début 2024 (au 11 mars 2024), révèlent que les maladies vectorielles ont été responsables de 2 422 foyers au total, répartis dans 28 pays et territoires, dans le contexte des événements épidémiologiques exceptionnels. Ces événements comprennent principalement les premières apparitions, les réapparitions et les nouvelles souches. Les Amériques ont notamment connu un événement de grande ampleur concernant l’encéphalomyélite équine de l’Ouest, avec 1 461 foyers, tandis que l’Europe a rapporté 697 foyers de différentes maladies vectorielles. 

Sur les 90 maladies des animaux terrestres actuellement listées par l’OMSA, près d’un tiers sont à transmission vectorielle (entièrement ou pour lesquelles les vecteurs jouent un rôle important), certaines d’entre elles ayant connu une évolution significative en 2023 et début 2024. L’infection par le virus de la fièvre de West Nile, le virus de la fièvre catarrhale ovine, le virus de la dermatose nodulaire contagieuse et le virus de l’encéphalomyélite équine de l’Ouest ont été les maladies vectorielles les plus fréquemment signalées en 2023 et début 2024 dans le cadre des événements exceptionnels. L’infection par le virus de la dermatose nodulaire contagieuse, pour laquelle les événements exceptionnels ont été prédominants en Asie, a représenté 144 foyers, ce qui en fait la maladie vectorielle la plus signalée par alerte précoce en dehors de l’Europe et des Amériques. En particulier, 99 % des foyers de maladies vectorielles en 2023 et début 2024 ont été détectés dans des régions tempérées, ce qui indique un changement inquiétant dans leur distribution géographique. 

Surveiller l’expansion des maladies vectorielles 

Ces défis ne sont pas nouveaux et remontent à plusieurs années. Pour y faire face, l’OMSA avait lancé en 2022 le projet PROVNA, destiné à améliorer la surveillance des maladies vectorielles en Afrique du Nord. Cette initiative vise à définir des « écorégions » dans la zone d’étude, identifier les zones vulnérables et développer un prototype d’application pour prédire les changements climatiques et environnementaux.  

Une étude de cas intéressante présentée dans le rapport est celle de la propagation récente de l’infection par le virus de la maladie hémorragique épizootique. Habituellement limitée aux régions comme l’Amérique du Nord et certaines parties de l’Asie, la maladie hémorragique épizootique a étendu son aire de répartition de manière considérable depuis 2006, avec de nouveaux cas signalés par des pays du pourtour méditerranéen et en Europe. Cette propagation illustre la tendance générale à l’expansion des maladies vectorielles sous l’effet des changements climatiques et environnementaux.

Prendre des mesures pour la santé mondiale 

Le rapport de l’OMSA brosse un tableau clair de la menace croissante que représentent les maladies à transmission vectorielle dans le contexte du changement climatique. Alors qu’elle vient de fêter son centième anniversaire, l’OMSA rappelle la nécessité de disposer de systèmes de surveillance solides, de s’appuyer sur la collaboration internationale et de mettre en place des stratégies d’adaptation pour gérer ce défi grandissant. Le changement climatique continuant d’influencer la propagation et les répercussions des maladies vectorielles, la communauté mondiale doit réagir de manière urgente en faisant preuve d’innovation afin de protéger à la fois la santé humaine et la santé animale. Parce que la santé animale, c’est aussi notre santé. C’est la santé de tous. 

Pour de plus amples informations, explorez le rapport complet.  


Avez-vous lu ?

Interview – mai 2023

Grâce à la mise en œuvre réussie de mesures de contrôle efficaces, l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) est passée d’une urgence de santé publique de portée internationale à une maladie dont la présence et l’impact sanitaire sont contenus. Diffusée pour la première fois en 2019, une norme révisée sur la maladie a été adoptée par l’Assemblée mondiale des délégués lors de la 90e session générale de l’OMSA.

Couvrant des mises à jour qui incluent les critères de détermination du risque de maladie ainsi que des recommandations pour la surveillance de la maladie et la sécurité du commerce, le nouveau texte adopté représente une avancée significative. Il reflète le travail de l’Organisation qui s’attaque à des questions complexes, établit un consensus entre les Membres et trouve des solutions actualisées et fondées sur la science qui sont bénéfiques à la fois pour la santé animale et la santé humaine. 

La révision de la norme a été menée par les commissions spécialisées de l’OMSA. Nous avons interrogé le Dr Cristóbal Zepeda, président de la commission scientifique sur les maladies animales, et le Dr Etienne Bonbon, président de la commission sur les normes sanitaires pour les animaux terrestres.

Dr Cristóbal Zepeda, Dr Etienne Bonbon
Dr Cristóbal Zepeda, Dr Etienne Bonbon

Quel est l’impact de l’ESB aujourd’hui ?

Cristóbal Zepeda : Au début de l’épidémie d’ESB, à la fin des années 80 et au début des années 90, la majorité des cas ont été détectés dans quelques pays, principalement en Europe. Aujourd’hui, l’incidence de l’ESB est tombée à presque zéro, car la plupart des pays ont mis en œuvre des mesures visant à éviter le recyclage des matériaux à risque spécifiés (MRS).

Etienne Bonbon : Dans le passé, l’incertitude entourant l’épidémiologie de l’ESB justifiait un niveau de précaution important dans la gestion de la maladie. Aujourd’hui, son incidence quasi-nulle dans le monde minimise le risque de maladie et exige un niveau de précaution différent pour faire face à un nouveau scénario. 

Comment s’explique la révision de la norme relative à l’ESB ?

C.Z. : La norme sur l’ESB a été mise à jour afin de l’aligner sur les connaissances scientifiques actuelles et sur un contexte épidémiologique en évolution. Plusieurs changements ont été proposés. Le premier couvre la nécessité d’une évaluation complète du risque de maladie, y compris les évaluations d’entrée et d’exposition, afin de déterminer le statut de risque d’un pays ou d’une zone. La seconde permet de simplifier la surveillance pour mieux coller à la réalité du terrain, tout en veillant à ce que les pays mettent en place des exigences sanitaires minimales. En effet, le coût de la mise en œuvre d’un système de surveillance ponctuelle est important et certains pays dont le cheptel bovin est peu important ne peuvent tout simplement pas se conformer à de telles exigences. Nous avons élaboré des lignes directrices pour aider les pays à passer à ce nouveau système. Le dernier changement important est le retrait de l’ESB atypique de la liste des maladies nécessitant une notification obligatoire à l’OMAH. L’ESB atypique survient spontanément dans les populations bovines à un taux très faible. En outre, la seule preuve d’un recyclage potentiel des matériels à risque spécifiés a été trouvée dans des conditions expérimentales qu’il serait extrêmement improbable de reproduire dans des conditions de terrain.  

E.B. : En ce qui concerne les changements apportés par la norme révisée sur l’ESB, il est important de noter que l’ESB atypique a été retirée de la liste parce qu’elle s’est avérée être une maladie très rare et sporadique, sans impact significatif sur la santé animale ou la santé publique.

ESB classique versus ESB atypique

Il convient de distinguer ces deux formes, ou souches :

L’ESB classique survient via la consommation d’aliments contaminés (voir la section « Transmission et propagation »). Alors que l’ESB classique représentait une menace importante dans les années 90, le nombre de cas observés a nettement diminué ces dernières années, à la suite de l’application de mesures de contrôle efficaces. On estime actuellement que son niveau est extrêmement faible (nombre de cas proche de zéro).

L’ESB atypique désigne des formes sporadiques et naturelles de la maladie. Elle surviendrait au sein de toutes les populations bovines, à une fréquence très basse et a uniquement été identifiée chez les bovins âgés, à la suite de la conduite d’une surveillance intensive. Au début des années 2000, des prions atypiques à l’origine de l’ESB atypique ont été identifiés au terme d’une surveillance accrue des encéphalopathies spongiformes transmissibles. Le nombre de cas d’ESB atypique est négligeable. En effet, si à ce jour, il n’y a aucune preuve que l’ESB atypique soit transmissible, le recyclage de l’agent ESB atypique n’est pas exclu, et par conséquent, des mesures de gestion du risque d’exposition dans la chaîne alimentaire continuent d’être recommandées, à titre préventif. Pour plus de détails, consulter WAHIS.

Quels ont été les défis à relever en cours de route ?

C.Z. : L’OMSA dispose d’une procédure de reconnaissance officielle du statut de risque d’ESB. Dans le cadre de la révision de cette norme, nous avons dû nous assurer que les membres ayant déjà un statut officiel de risque d’ESB resteraient conformes à la norme ESB révisée. Cela a impliqué un travail important d’évaluation rétrospective des dossiers soumis par ces membres, en particulier ceux qui ont été reconnus sur la base d’une évaluation d’entrée négligeable et non d’une évaluation d’exposition négligeable. 

E.B. : L’OMSA s’efforce de trouver un consensus parmi ses membres. Le résultat obtenu avec la norme sur l’ESB est le fruit d’un processus en plusieurs étapes qui a impliqué de nombreuses discussions d’experts, des consultations approfondies avec les membres et même une première discussion avec l’Assemblée l’année dernière. Il montre comment les différents organes de gouvernance fonctionnent au sein de l’Organisation et souligne également le rôle des commissions spécialisées dans le processus. Ces commissions jouent un rôle clé en veillant à ce que les normes soient scientifiquement fondées et en établissant une compréhension commune par le biais d’une consultation avec les membres.  

La nouvelle norme sur l’ESB aura-t-elle un impact sur le niveau de surveillance de la maladie ?

C.Z. : Les normes internationales de l’OMSA relatives à la surveillance des maladies animales – y compris l’ESB – sont essentielles pour déterminer l’absence, la présence et la distribution des maladies animales et des risques qui y sont liés, ainsi que pour détecter les maladies émergentes le plus tôt possible. Dans le contexte épidémiologique actuel de cette maladie, la nécessité de modifier la norme s’est fait de plus en plus sentir parmi les membres. 

E.B. : La simplification justifiée et la réduction des coûts des méthodes de surveillance n’entraîneront pas une diminution de leur efficacité. Au contraire, ce système plus flexible basé sur un dépistage clinique sur le terrain reflète les informations scientifiques actuelles et répond à une diversité de besoins dans les pays.

Quel sera l’impact de cette nouvelle norme sur le commerce international ?

C.Z. : Les modifications apportées aux exigences en matière de surveillance inciteront les pays qui n’ont pas obtenu de statut officiel de risque à en faire la demande. En retirant l’ESB atypique de la liste des maladies, les pays n’imposeront pas de restrictions commerciales injustifiées.

E.B. : Avec l’adoption de la norme révisée, les avantages seront bien plus importants que les risques d’introduction ou d’émergence de maladies. Si elle est bien appliquée, l’accès au commerce sera facilité, ce qui accélérera le développement économique, la sécurité alimentaire sera améliorée et la probabilité de nouveaux cas d’ESB continuera à diminuer.

L’interview a été éditée et condensée pour plus de clarté et de longueur. 

Élaborées en collaboration avec les Membres et les experts de la filière équine, trois normes sont actualisées pour lutter contre les menaces de maladies et répondre aux besoins pratiques des concours hippiques internationaux. 

Les chevaux de sport et de compétition sont des voyageurs internationaux chevronnés, qui vont d’une compétition à l’autre dans le monde entier. Toutefois, lorsqu’ils sont en transit, nombre d’entre eux peuvent se retrouver bloqués à la frontière. Les normes internationales visent à protéger la santé des chevaux de sport ainsi que celle des populations équines des pays contre la transmission de maladies par-delà les frontières. Les contrôles aux frontières sont susceptibles d’empêcher les chevaux de sport d’arriver à temps à leurs compétitions. Les vétérinaires et les agents des douanes s’efforcent de trouver une approche adaptée, soucieux de respecter les normes qui réduisent les risques de maladie, et de tenir compte des besoins pratiques des sports équestres internationaux.  

Saisissant cette occasion de soutenir ses Membres, l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) s’est associée à la filière équine, afin de trouver de nouvelles solutions et d’assurer la sécurité et le déplacement en toute sérénité des chevaux de course et de sport. L’OMSA travaille avec la Confédération internationale des sports hippiques (IHSC) depuis 2017 dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP). L’OMSA et l’IHSC partagent tous deux des objectifs clairs visant à améliorer la santé et le bien-être des chevaux, à savoir, atténuer le risque de propagation mondiale des maladies infectieuses équines et minimiser les restrictions de déplacements des chevaux de compétition. Cette collaboration a permis d’obtenir de nombreux résultats notables, dont un grand nombre d’activités qui ont permis d’actualiser trois normes de santé animale, portant notamment sur la grippe équine, la métrite contagieuse équine et la piroplasmose équine, qui ont été présentées pour adoption lors de la 90ème Session générale de l’OMSA.  

Les normes internationales de l’OMSA reposent sur des données scientifiques, et la filière équine a accepté de contribuer financièrement à l’amélioration globale de la qualité et de la précision des normes relatives aux chevaux. Il s’agit notamment de financer la recherche scientifique sur les maladies des chevaux affectant les échanges commerciaux internationaux. Par exemple, dans le cadre d’une étude financée par le partenariat IHSC-OMSA, un laboratoire de référence de l’OMSA a procédé à une évaluation des protocoles de vaccination des chevaux contre la grippe équine avant les déplacements internationaux. La filière équine dispose de nombreux programmes de vaccination contre ce virus, et cette évaluation visait à harmoniser les programmes actuels de vaccination contre la grippe équine sur la base de preuves scientifiques. Cela permet de protéger les chevaux transportés et d’éviter des périodes d’attente injustifiées à leur arrivée à destination. Au cours de cette évaluation, on a même pu constater que l’esprit de collaboration s’étendait jusqu’au niveau local. Des vétérinaires équins privés ont collecté et envoyé les échantillons nécessaires à la recherche et ont travaillé avec un laboratoire de recherche public. Sur la base des résultats de cette étude, le protocole de vaccination pour les déplacements internationaux de chevaux a été actualisé dans la norme relative à la grippe équine.  

La filière équine privée partout dans le monde a également bénéficié de ce partenariat, puisque l’OMSA a fait bénéficier l’IHSC de son expertise en tant qu’autorité internationale en matière de santé animale pour élaborer avec elle des outils répondant aux besoins pratiques des sports équestres. En associant des experts en maladies animales et en sports équestres, l’IHSC et l’OMSA ont mis au point deux outils destinés à faciliter les déplacements internationaux des chevaux de compétition, en s’appuyant sur les concepts de zonage et de compartimentation. Le premier, le Cadre “Chevaux de haute performance à statut sanitaire élevé” (HHP), harmonise les exigences en matière d’importation et simplifie le processus de certification pour les déplacements temporaires de chevaux. Pour le second, il s’agit de lignes directrices destinées à aider les Membres à établir des Zones indemnes de maladies des équidés (EDFZ). Cette approche axée sur les risques peut être mise en œuvre par les Membres lorsqu’ils planifient une compétition internationale de sport équestre. L’établissement d’une zone indemne de maladies des équidés permet d’atténuer à l’avance les risques de maladies dans la zone, et les chevaux peuvent entrer dans la zone et en sortir en toute sécurité, sans que leur état sanitaire ne soit compromis. Cela permet d’alléger la charge de travail des agents des douanes et des personnels vétérinaires lors des déplacements internationaux de chevaux. 

Le PPP s’est en outre penché sur les déplacements temporaires de chevaux au niveau régional. Une série de réunions conjointes OMSA-IHSC ont été organisées entre 2017 et 2019, impliquant des parties prenantes telles que les autorités vétérinaires, les autorités douanières, les représentants du secteur vétérinaire privé et la filière équine. Ces experts ont pu discuter des obstacles à l’entrée et à la sortie des chevaux de compétition aux frontières, et élaborer des plans d’action pour surmonter les difficultés propres à leurs régions et aux contextes de chaque pays. Ces activités ont permis d’actualiser d’autres normes, notamment celles relatives à la métrite contagieuse équine et à la piroplasmose équine. 

Mais les effets positifs de ce PPP ne s’arrêtent pas là. Ces ateliers ont également permis de créer des réseaux entre les fonctions publiques et privées au niveau régional, ce qui a abouti à d’autres collaborations contribuant à résoudre les défis régionaux à venir. En 2020, un foyer de peste équine a été signalé pour la première fois en Asie du Sud-Est, notamment en Thaïlande, qui en a informé le Système mondial d’information zoosanitaire (WAHIS). Réagissant rapidement, l’OMSA et l’IHSC ont apporté un soutien ciblé en créant du matériel de communication dédié et en organisant une série de séminaires en ligne. Le PPP a permis de développer et de renforcer les capacités des vétérinaires et de la filière équine locale qui s’efforcent de contrôler et d’éradiquer la maladie. En outre, tout au long de l’épidémie, l’OMSA et l’IHSC ont collaboré pour renforcer les capacités des laboratoires de la région en promouvant et en finançant des tests de compétence, ce qui a permis de s’assurer que les différents laboratoires respectaient les normes, et que le personnel et l’équipement étaient capables de traiter et d’analyser correctement les échantillons prélevés pour lutter contre la maladie. Depuis l’apparition de l’épidémie, et en partie grâce à la collaboration fructueuse entre la filière équine, le secteur public de la santé vétérinaire et la Thaïlande, cette dernière a retrouvé son statut officiel de pays indemne de peste équine depuis mars 2022. 

Le partenariat public-privé entre l’OMSA et l’IHSC a été riche en résultats bénéfiques pour toutes les parties, et a eu des effets positifs en cascade au niveau des autorités vétérinaires, des Membres et de la filière équine privée au plan national. Lorsque différents secteurs unissent leurs forces dans le but commun d’améliorer la santé animale à l’échelle mondiale, les résultats sont indiscutables. L’OMSA s’appuie sur ces partenariats, sachant que nos activités ne peuvent fonctionner et évoluer sans un échange continu d’informations et de ressources. Grâce à la science, l’OMSA et ses partenaires ont pu actualiser les normes internationales afin de garantir la sécurité et la santé des chevaux de compétition et de veiller à améliorer les contrôles aux frontières, à les rendre plus efficaces et à les soumettre à des approches scientifiques. Ce modèle est prometteur quant à de futurs partenariats, et permettra à l’OMSA de renforcer ses liens avec les parties prenantes du secteur privé sur d’autres défis majeurs en matière de santé et de bien-être des animaux. Car la santé animale ne doit pas être l’affaire d’un seul secteur. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons garantir à tous une meilleure santé pour les années à avenir.  

Les vaccins vétérinaires, lorsqu’ils sont utilisés en conjonction avec d’autres mesures sanitaires, se sont révélés être de puissants outils pour la prévention, le contrôle et même l’élimination des maladies animales. La PPR et la rage transmise par les chiens ont fait l’objet d’efforts de vaccination dans le monde entier.  Bien que la plupart des pays touchés mettent en œuvre la vaccination officielle pour lutter contre ces maladies, des problèmes subsistent, tels que l’utilisation inappropriée et la mauvaise qualité des vaccins. Le rapport sur la situation mondiale de la santé animale présenté lors de la 90e session générale de l’OMSA décrit la situation actuelle et fournit une analyse de ces tendances, sur la base des rapports de vaccination officielle établis par les membres.  

Mise en œuvre de la vaccination contre la PPR dans les zones pastorales reculées  

La PPR est une maladie virale du bétail qui peut décimer des troupeaux entiers de moutons et de chèvres. Aujourd’hui, elle menace encore 80 % de la population mondiale d’ovins et de caprins. Par conséquent, elle met en péril les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de quelque 300 millions de familles rurales dans le monde qui dépendent de la production de petits ruminants. L’éradication de la PPR par la vaccination et d’autres mesures appropriées permettrait non seulement de garantir la santé et le bien-être des animaux, mais aussi d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs, dont beaucoup sont des femmes. 

De 2005 à 2022, une moyenne annuelle de 70 % des membres touchés par la PPR ont fait état d’une vaccination officielle contre la maladie. Au cours de la période 2005-2022, une tendance stable a été observée, avec un pic en 2015 (82 % des membres touchés).   

Dans le cadre du projet PRAPS (Projet régional d’appui au pastoralisme dans le Sahel), six pays de la région du Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad, ont participé à une initiative ambitieuse visant à lutter contre la PPR dans la région. Des résultats notables ont été observés en matière de vaccination contre la PPR. Entre 2016 et 2022, un nombre impressionnant de 188 millions de doses de vaccin contre la PPR ont été distribuées aux pays du PRAPS et, pour la seule année 2022, 32,2 millions de doses ont été livrées. L’utilisation de la banque de vaccins contre la PPR de l’OMSA a été déterminante pour soutenir la fourniture de grandes quantités de vaccins de qualité.

Bien que des progrès significatifs aient été réalisés en matière de vaccination contre la PPR dans la région du Sahel, un certain nombre de défis restent à relever. L’identification des petits ruminants, l’efficacité des vaccinations, le contrôle de la qualité des vaccins et les contraintes en matière de ressources humaines, notamment le manque de formation et de personnel, constituent des obstacles importants à la lutte contre la propagation de la PPR et à la réalisation des objectifs de contrôle à long terme dans la région du Sahel. Les leçons tirées sont prises en compte dans les prochaines phases du projet.  

En relevant ces défis, nous pouvons nous efforcer d’éradiquer la PPR à l’échelle mondiale, en garantissant la protection des populations de petits ruminants, les moyens de subsistance des agriculteurs et l’avenir du pastoralisme. 

Combattre la rage à la source 

Outre les maladies du bétail, les zoonoses font également l’objet de campagnes de vaccination. La rage, une maladie mortelle dont le taux de mortalité est proche de 100 % chez l’humain comme chez l’animal, continue de représenter une menace mondiale, causant la mort d’environ 59 000 personnes chaque année. Les chiens étant les principaux porteurs de cette zoonose dévastatrice, un contrôle et une élimination efficaces de la rage nécessitent de s’attaquer à sa cause première chez les animaux. La rage transmise par les chiens est donc au cœur des campagnes de vaccination. Entre 2005 et 2022, 78 % en moyenne des Membres de l’OMSA touchés par la rage ont déclaré avoir vacciné officiellement leurs chiens contre la rage. Toutefois, le pourcentage de pays mettant en œuvre des mesures de contrôle de la rage a progressivement diminué, passant de 85 % à 62 % au cours de cette période.

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Afin de soutenir l’objectif de zéro décès humain dû à la rage canine et de suivre l’utilisation des vaccins vétérinaires, le Forum United Against Rabies, hébergé par l’OMSA au nom de la Tripartite, a élaboré un document complet intitulé « Éléments de données minimales », qui constitue une ressource vitale pour le suivi des progrès réalisés dans le cadre de l’ambitieux plan stratégique mondial « Zéro d’ici 2030 ». Ce document propose notamment des éléments de données essentiels que les pays doivent collecter et soumettre avec diligence à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et à l’OMSA. En harmonisant les pratiques en matière de données, les pays peuvent contribuer efficacement à la lutte mondiale contre la rage et suivre les progrès de la couverture vaccinale. 

Renforcer les tendances en matière de vaccination pour mieux lutter contre les maladies animales  

L’OMSA a développé des stratégies globales qui ont encouragé les pays à mettre en œuvre des programmes de vaccination contre la PPR et la rage canine. Grâce à ces initiatives et à des partenariats stratégiques, l’OMSA fournit à ses Membres une expertise technique et des conseils sur la mise en œuvre de stratégies de vaccination efficaces. En diffusant des connaissances, en facilitant le partage d’informations et en aidant les pays à accéder aux vaccins par le biais d’initiatives telles que les banques de vaccins, l’OMSA a contribué de manière significative à l’amélioration des efforts de contrôle des maladies dans le monde entier. La mise en œuvre de stratégies globales de lutte contre les maladies favorise également la collaboration entre les pays, les encourageant à s’attaquer collectivement aux maladies animales et à préserver la santé humaine et animale.  

Il est impératif d’agir ensemble pour prévenir la propagation des maladies animales transfrontalières et limiter leurs effets sur les moyens de subsistance et les économies. Travaillons ensemble pour débarrasser le monde de la rage et de la PPR transmises par les chiens. 

Plus de 500 millions d’oiseaux sont morts de la grippe aviaire depuis 2005. Cette maladie aviaire mortelle a des conséquences dévastatrices sur la santé des oiseaux domestiques et sauvages, ainsi que sur la biodiversité et les moyens de subsistance. Récemment, la propagation mondiale de la grippe aviaire a suscité une inquiétude croissante, avec un nombre sans précédent de foyers atteignant de nouvelles régions géographiques, des mortalités inhabituelles chez les oiseaux sauvages, ainsi qu’un nombre croissant de cas chez les mammifères. Malgré les efforts déployés par les pays pour mettre en œuvre des mesures de surveillance, de prévention et de contrôle strictes, telles que le contrôle des mouvements, le renforcement de la biosécurité et l’abattage sanitaire, la grippe aviaire continue de susciter l’inquiétude au sein de la communauté internationale. 

Vers un changement de paradigme dans les mesures actuelles contre la grippe aviaire ?  

L’étendue et la gravité de la situation exigent l’évaluation des stratégies existantes pour contenir la maladie et soulèvent de multiples questions. Quelles sont les lacunes des stratégies actuelles de lutte contre la maladie ? Comment peut-on mieux les adapter aux différents contextes et situations ? Faut-il repenser le mode d’élevage de certaines espèces de volailles ? Comment pouvons-nous assurer une détection précoce des foyers ? Quelles options de contrôle complémentaires seraient nécessaires au niveau national et régional ? La généralisation de la vaccination des oiseaux serait-elle une solution durable ? Comment le commerce des volailles et des produits à base de volaille peut-il se dérouler en toute sécurité en présence d’une vaccination ? Comment optimiser l’allocation des ressources ?  

Pour répondre aux questions stratégiques et aux défis qui empêchent les pays de progresser vers un contrôle mondial de la maladie, l’OMSA organisera son tout premier Forum sur la santé animale consacré à ce sujet les 22 et 23 mai, dans le cadre de la 90e Session générale. Le Forum introduira le Thème technique comme fil conducteur et offrira une occasion unique de faire le point sur les stratégies passées et actuelles et d’explorer d’autres options de gestion des risques, plus adaptées à l’évolution de la situation actuelle. Il s’agira également de convenir d’alternatives appropriées, fondées sur des données scientifiques, pour la surveillance et le contrôle de la maladie, afin d’en réduire l’impact. 

L’évolution de la maladie suscite de nouvelles inquiétudes  

Ces dernières années, un éventail sans précédent et plus large de souches virales est apparu, entraînant une nouvelle évolution des virus et créant ainsi un paysage épidémiologique difficile. Historiquement, la forme la plus grave de la maladie chez les volailles, l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), se propageait principalement d’une exploitation à l’autre, tandis que l’influenza aviaire faiblement pathogène (IAFP) circulait principalement parmi les oiseaux sauvages, restant souvent asymptomatique dans ces populations d’oiseaux. Aujourd’hui, nous observons une menace persistante d’empiétement de l’IAHP sur les oiseaux sauvages, qui peuvent transporter les virus de la maladie sur de longues distances et au-delà des frontières nationales. L’influenza aviaire s’est donc rapidement propagée à de nouvelles régions, en particulier en Amérique centrale et en Amérique du Sud, où la maladie n’avait pas été détectée depuis 20 ans. Dans cette région, 10 pays ont signalé la maladie à l’OMSA. Au niveau mondial, 74 pays et territoires ont notifié des foyers d’influenza aviaire depuis octobre 2021 ; cette vaste propagation géographique ne s’inscrit pas dans un contexte historique antérieur.

Au-delà du nombre croissant de cas identifiés chez les volailles et les oiseaux sauvages ces dernières années, l’influenza aviaire est désormais signalée chez les mammifères sauvages et captifs. Des cas récents chez la loutre, le renard et le vison ont suscité des inquiétudes chez les animaux et en matière de santé publique quant au risque que les virus s’adaptent davantage aux mammifères et à ce que cela signifie pour les humains. 

Des cas humains sporadiques mais graves ont également été observés. Bien que la transmission des oiseaux aux humains soit rare et résulte d’une exposition répétée à des oiseaux infectés, le risque de pandémie demeure. 

Construire une réponse commune efficace   

La grippe aviaire constitue une menace sérieuse pour la santé mondiale, les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la biodiversité. Bien que des efforts considérables aient été déployés pour prévenir et contrôler sa propagation, il reste encore beaucoup à faire. L’évolution de l’épidémiologie de la maladie au cours des deux dernières années a mis à mal l’utilisation de l’abattage sanitaire comme principale mesure de contrôle. Alors que nous recherchons des pratiques de production plus durables, nous devons explorer collectivement d’autres méthodes de contrôle de la maladie, afin de prévenir et d’atténuer la maladie et, par conséquent, d’éviter de détruire autant d’animaux alors que la sécurité alimentaire devient une question cruciale pour beaucoup.   

Ces défis stratégiques seront largement débattus lors du prochain forum sur la santé animale consacré à l’influenza aviaire. En particulier, les thèmes de la surveillance, des stratégies de contrôle des maladies, des moyens de garantir un commerce international sûr et équitable des volailles et de leurs produits et de la coordination régionale et mondiale seront débattus.   

Ces discussions importantes aboutiront à l’élaboration de recommandations internationales et constitueront une base solide pour la refonte de la stratégie mondiale OMSA/FAO sur l’influenza aviaire hautement pathogène élaborée sous l’égide du programme GF-TADs. 

Nous devons veiller à ce que les pays puissent répondre à cette menace sanitaire majeure dans un cadre commun et à ce que leurs gouvernements soient prêts à mobiliser des ressources suffisantes pour lutter contre la grippe aviaire. Il sera essentiel de prendre des mesures appropriées pour garantir un avenir plus sûr et plus sain pour tous.  

Pour suivre les discussions, connectez-vous à notre forum sur la santé animale :  

Lundi 22 mai  

  • 9h00 – Session 1 – Renseignements sur la grippe aviaire : Surveillance et contrôle pour la détection précoce et la prévention 
  • 14h30 – Session 2 – Réponse : Stratégies de lutte contre la maladie pour une réponse rapide et la continuité des activités. Le rôle de la vaccination 
  • 15h30 – Session 3 – Résilience : Normes internationales pour faciliter la sécurité du commerce international 

Mardi 23 mai  

  • 9h00 – Session 4 – Stratégie mondiale coordonnée pour le contrôle progressif de l’influenza aviaire