Monique Eloit at the WOAH headquarters
Monique Éloit, directrice générale

Éditorial du Dr Monique Éloit, directrice générale de l’OMSA

En 1924, l’Organisation mondiale de la santé animale a été fondée en reconnaissance de la menace que représentent les maladies animales, dont la propagation est facilitée par le commerce. Un siècle plus tard, nous avons considérablement fait évoluer l’agenda mondial de la santé animale, aux côtés de la profession vétérinaire dans le monde entier. 

L’OMSA est désormais un acteur important et influent dans les réunions et forums de haut niveau aux côtés de ses pairs des secteurs de la santé humaine, de l’alimentation et de l’agriculture, ainsi que de l’environnement. En regardant vers l’avenir, nous resterons focalisés sur trois objectifs clés : assurer que les Services vétérinaires soient dûment reconnus pour leur rôle essentiel, plaider en faveur de pratiques durables et défendre la santé et le bien-être des animaux pour un monde plus sûr. 

100 ans de prise en charge de la relation humain-animal

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Un médecin spécialisé dans les gorilles du Projet vétérinaire des gorilles des montagnes libère l’orpheline « Djingala » de la caisse où elle était retenue captive par des braconniers. La préservation de la faune en voie de disparition est vitale pour tous. Photo: © EC-OMSA

Comprendre l’importance de la santé animale est crucial pour les humains, car nos sociétés sont profondément liées à l’existence des animaux. Il est de notre devoir d’assumer notre rôle dans la garantie de leur santé et de leur bien-être ; ce n’est pas simplement une option, mais une obligation fondamentale. Le lien entre les humains et les animaux a toujours existé, trouvant son origine dans une relation historique de travail et de subsistance. Aujourd’hui, les animaux font partie intégrante de la vie humaine de nombreuses façons, de l’élevage des animaux domestiques au maintien de l’équilibre des écosystèmes pour préserver la vie sauvage. Pas moins de 2,6 milliards de personnes dépendent du bétail, de la pêche artisanale et de l’aquaculture pour leur subsistance et leurs revenus. Plus récemment, l’impact positif des animaux de compagnie sur notre bien-être émotionnel et physique a également été reconnu. La portée de notre relation avec les animaux est vaste et en constante expansion. 

En tant qu’organisation, l’OMSA a considérablement évolué, englobant désormais de nombreux aspects de la relation humain-animal et élargissant sa mission initiale liée au commerce. Aux côtés de nos partenaires, nous relevons les défis mondiaux d’aujourd’hui, notamment la montée de la résistance aux antimicrobiens, les impacts du changement climatique et la protection de la santé des animaux sauvages.

100 ans de bénéfices pour les communautés 

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Un vétérinaire assiste une vache qui met bas son veau. Les vétérinaires et les paraprofessionnels vétérinaires jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement des exploitations agricoles. Photo: © EC-OMSA

Chaque fois que des actions sont entreprises pour préserver la santé animale, les sociétés humaines observent d’innombrables effets positifs. Dans un contexte où 60 % des maladies infectieuses qui touchent les humains sont d’origine animale, préserver la santé animale est crucial pour protéger la santé humaine. Maintenir la santé des animaux est essentiel pour garantir l’accès à des approvisionnements alimentaires sûrs, tels que le poisson, la viande, le lait et les œufs, ce qui réduit la pauvreté et la faim. Les femmes représentant de 50 à 70 % de la main-d’œuvre dans le secteur de l’élevage et de l’aquaculture, une meilleure santé animale contribue à l’égalité des genres en procurant aux femmes un revenu fiable et de meilleures conditions de travail. 

Améliorer le bien-être animal améliore la santé animale. Au fil du temps, l’OMSA a intensifié ses efforts en faveur du bien-être animal. En fournissant aux pays des directives détaillées, nous encourageons les agriculteurs à adopter des pratiques plus sûres et responsables. Nous soutenons une transition mondiale vers des méthodes agricoles plus respectueuses de l’environnement, alignées sur plusieurs Objectifs de développement durable (ODD). Améliorer le bien-être animal, c’est améliorer la santé animale, ce qui se traduit par une productivité accrue. De plus, le bien-être animal contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution liée à l’agriculture. L’agriculture représente 10 à 12 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la production de viande, de volaille et de produits laitiers représentent 75 % de ce taux. Reconnaître le rôle important de l’élevage animal dans les émissions de gaz à effet de serre et les réduire grâce à des méthodes durables est essentiel pour relever le défi du changement climatique, l’un des défis les plus importants pour l’humanité.

100 ans de défense de la santé et du bien-être animal dans les discussions mondiales 

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Un vétérinaire rend visite à un village pour offrir ses services. L’OMSA plaide en faveur d’une meilleure reconnaissance de la valeur du personnel vétérinaire dans les discussions mondiales. Photo: © EC-OMSA

Lorsque l’OMSA a été créée il y a 100 ans, son objectif était d’aider à atténuer la propagation des maladies à travers les frontières, notamment par le biais du commerce. Une épidémie de peste bovine en Belgique a suscité une préoccupation internationale, conduisant à la mise en place d’un système d’information et de signalement des maladies animales. 

Au niveau mondial, l’OMSA a été rapidement reconnue comme l’organisation de référence en matière de santé animale et de zoonoses par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Partant de là, nous avons progressivement gagné en influence en tant que porte-parole du personnel vétérinaire sur les défis mondiaux cruciaux. Grâce à une approche « Une seule santé » et à notre collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) au sein du partenariat quadripartite, nous avons toujours représenté la perspective de la santé animale sur la scène internationale. Au G20, à l’Assemblée générale des Nations unies, au Forum de Paris pour la paix ou au G7, nous avons montré notre engagement à jouer un rôle dans la résolution des problèmes multidimensionnels de notre époque. 

Demain : répondre ensemble aux défis mondiaux 

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Des écoliers se tiennent aux côtés d’un âne dans le brouillard. Les animaux sont souvent les victimes silencieuses des défis mondiaux qui affectent les humains, des événements météorologiques extrêmes aux crises économiques.  Photo: © EC-OMSA

À l’avenir, nous continuerons à nous adapter, tout comme nous l’avons fait au cours du siècle dernier, en restant attentifs aux besoins évolutifs de nos Membres et des sociétés humaines et en fournissant les réponses les plus appropriées. En 1924, les nations ont reconnu l’importance de s’unir derrière une mission commune : stopper la propagation de maladies telles que la peste bovine. Un siècle plus tard, en 2024, le même niveau de collaboration et de solidarité est essentiel pour relever les défis d’aujourd’hui. Que ce soit en répondant aux événements météorologiques extrêmes, en faisant face à la menace de la résistance aux antimicrobiens ou en se préparant aux pandémies, ces défis exigent une approche collective et multisectorielle. Alors que l’OMSA entame son deuxième siècle, nous sommes plus que jamais engagés dans les efforts mondiaux pour une seule santé, en utilisant notre engagement envers la santé et le bien-être des animaux comme fondement pour créer un avenir plus durable. 

Parce que la santé animale, c’est notre santé.
C’est la santé de tous. 

Dr Monique Éloit
directrice générale de l’OMSA.


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