La peste des petits ruminants (PPR) est une maladie transfrontalière causée par un virus qui affecte les chèvres et les moutons, compromettant gravement leur santé et entraînant d’importantes pertes économiques. Bien que la PPR ait historiquement été présente en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, son apparition en Europe s’est intensifiée ces dernières années. Entre 2024 et 2025 seulement, de nouvelles flambées ont été signalées à l’Organisation mondiale pour la santé animale (OMSA) en Géorgie, en Bulgarie, en Grèce, en Roumanie et en Hongrie. Le dernier cas d’apparition de la maladie dans un nouveau pays a été notifié via le Système mondial d’information zoosanitaire (WAHIS) en Albanie, le 3 juin 2025.
Selon le nouveau rapport La situation mondiale de la santé animale, la PPR est non seulement contrôlable, mais aussi éradicable. La Stratégie mondiale de lutte et d’éradication de la PPR, élaborée par l’OMSA et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), trace une voie claire vers l’élimination de la maladie, dans laquelle la vaccination joue un rôle central, aux côtés du renforcement des capacités, des mesures de biosécurité et de la surveillance. Des enseignements précieux sur l’utilisation des vaccins contre la PPR peuvent être tirés de pays et régions ayant une longue expérience de la gestion de cette maladie, comme le Maroc, en Afrique.
La vaccination, un outil clé
Le premier cas de PPR au Maroc a été signalé en 2008, lorsque plus de 2 300 moutons et 200 chèvres sont morts lors de plusieurs foyers enregistrés à travers le pays sur une période de sept mois. La réponse des Services vétérinaires marocains a été rapide et efficace : entre 2008 et 2010, 90 % des animaux sensibles à la PPR ont été vaccinés chaque année. Sur la base d’analyses de données, d’enquêtes sérologiques et de la situation épidémiologique régionale, la stratégie a ensuite été ajustée. Depuis 2020, les Services vétérinaires ont décidé de vacciner les animaux contre la PPR et la variole ovine une fois tous les deux ans, à l’aide d’un vaccin bivalent.
Avec 22,4 millions d’animaux vaccinés à chaque campagne, la vaccination est devenue un outil essentiel pour maîtriser la résurgence de la PPR dans le pays, comme l’explique le Dr Abderrahman El Abrak, Délégué de l’OMSA pour le Maroc :
« Au Maroc, comme dans d’autres pays du Maghreb et d’Afrique, les animaux se déplacent fréquemment. Il est pratiquement difficile d’adopter une stratégie de lutte contre la PPR basée uniquement sur des mesures sanitaires, car le contrôle des mouvements animaux est très complexe, voire impossible dans les conditions actuelles. »
C’est pourquoi nous pensons qu’adopter une approche combinant vaccination et mesures sanitaires est le choix le plus approprié pour notre contexte, malgré son coût, et les résultats de cette approche vaccinale sont perceptibles. L’utilisation de vaccins efficaces et de haute qualité est également essentielle au succès de la stratégie de vaccination.
Dr Abderrahman El Abrak, Délégué de l’OMSA pour le Maroc.
Développer des partenariats et la confiance
Une campagne de vaccination contre la PPR coûte en moyenne 12 millions de dollars au Maroc, dont 75 % sont consacrés aux ressources humaines vétérinaires et 25 % à l’achat des doses de vaccin, produites localement. Depuis les années 1980, le Maroc a investi dans le développement de son secteur vétérinaire privé, encourageant les vétérinaires à s’installer en zones rurales. Leur présence garantit non seulement un appui régulier aux éleveurs, mais constitue aussi un réseau efficace de professionnels mobilisables rapidement lors du déploiement des campagnes de vaccination.
Nous avons un secteur vétérinaire privé bien développé dans presque toutes les régions du Maroc, ce qui nous apporte un soutien important dans la conduite des campagnes de vaccination du cheptel contre plusieurs maladies animales, notamment la PPR, en nous permettant d’atteindre une couverture vaccinale très élevée.
Dr Abderrahman El Abrak, Délégué de l’OMSA pour le Maroc.
« Leur appui a été crucial pour atteindre nos objectifs, notamment pour couvrir un maximum d’éleveurs à l’échelle nationale, ainsi que pour sensibiliser et motiver les éleveurs à participer aux campagnes de vaccination. »
Dès le départ, les Services vétérinaires ont collaboré avec les entreprises pharmaceutiques marocaines pour produire un vaccin contre la PPR. Aujourd’hui, deux entreprises produisent des vaccins efficaces contre cette maladie au Maroc. Cela permet au pays de disposer de vaccins fiables, testés sur le terrain et à des prix compétitifs, tout en réduisant le risque de pénurie lors de campagnes de vaccination à grande échelle.
Investir et coopérer pour réussir
Avec le dernier foyer officiellement déclaré terminé en décembre 2022, le Maroc a démontré qu’il est possible de contrôler efficacement la PPR grâce à la vaccination. Cela nécessite des investissements et une bonne préparation, rendus possibles en partie par le développement de partenariats public-privé.
Cependant, la PPR reste une maladie transfrontalière, étroitement liée aux mouvements d’animaux, comme le souligne le Dr Abderrahman El Abrak : « Compte tenu de la difficulté de contrôler efficacement et durablement les risques liés aux mouvements illégaux d’animaux à travers les frontières, la seule façon de gérer ce risque est d’adopter une approche coordonnée au niveau régional et sous-régional pour lutter contre la maladie. En effet, un seul pays ne peut atteindre seul son objectif d’éradiquer une maladie transfrontalière comme la PPR, car le risque d’introduction illégale ne peut être totalement éliminé. Il est donc essentiel que d’autres pays mettent en œuvre des stratégies de contrôle similaires afin d’interrompre la circulation du virus entre les régions. Sans approche régionale coordonnée de lutte contre la PPR, il nous sera difficile d’éradiquer la maladie par nos seuls efforts. Cela étant dit, l’éradication de la PPR est possible. »
Lisez le chapitre complet sur la PPR dans le rapport La situation mondiale de la santé animale.
Depuis 1998, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a chargé l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) de reconnaître officiellement les pays et zones indemnes de maladies animales. Cette reconnaissance n’est pas seulement importante pour le commerce international et les économies nationales axées sur l’élevage, mais elle témoigne également des efforts déployés par les Membres de l’OMSA dans le contrôle des maladies animales.
La reconnaissance officielle du statut indemne de maladie par l’OMSA, qui ne concernait à l’origine que la fièvre aphteuse, s’est depuis étendue à la peste équine, à la peste porcine classique (PPC), à la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB), à la peste des petits ruminants (PPR) et à l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). L’OMSA valide également les programmes officiels de contrôle de la PPCB, de la fièvre aphteuse, de la PPR et de la rage véhiculée par les chiens. Les Membres peuvent demander la reconnaissance officielle d’un statut zoosanitaire de leur plein gré.
Chaque année, au cours de sa Session générale, l’OMSA félicite les Membres qui ont atteint le statut indemne de maladie ou dont les programmes de contrôle ont été validés. L’obtention d’un statut indemne de maladie peut jouer un rôle important dans le développement des échanges internationaux et régionaux d’animaux et de produits issus d’animaux. Le fait qu’un programme de contrôle des maladies soit officiellement reconnu par l’OMSA peut aider les Services vétérinaires à obtenir des ressources de la part de leur gouvernement pour faciliter la mise en œuvre de ces activités.
Cette année, lors de la 92e Session générale de l’OMSA, plusieurs Membres ont été ajoutés à la liste des Membres dont le statut zoosanitaire est reconnu pour l’ensemble de leur territoire ou pour des zones spécifiques :
- De nouvelles zones indemnes de fièvre aphteuse avec vaccination ont été reconnues en Argentine, en République de Corée et en Russie
- De nouvelles zones en Bolivie et au Brésil ont été déclarées indemnes de fièvre aphteuse sans vaccination
- Le Taipei chinois a été déclaré indemne de PPC
- Le programme de lutte contre la fièvre aphteuse de la Mongolie a été validé
- L’Arabie saoudite a été déclarée indemne de peste équine
- Le programme de contrôle de la rage véhiculée par les chiens en Tanzanie a été validé
- Deux zones du Royaume-Uni ont été déclarées comme présentant un risque négligeable au regard de l’ESB
Les récents jalons posés dans la lutte mondiale contre la fièvre aphteuse mettent en évidence les résultats significatifs accomplis dans le contrôle de la maladie et les efforts de coordination déployés dans diverses régions. Notamment, l’ensemble des territoires de la Bolivie et du Brésil ont été déclarés indemnes de fièvre aphteuse sans recours à la vaccination ; une prouesse si l’on songe à la coordination nécessaire aux niveaux local et régional dans ces deux pays. Après le retrait de l’approbation du programme de contrôle de la Mongolie par l’OMSA par le passé, le pays a réussi à réviser son programme de contrôle de la fièvre aphteuse pour son approbation par l’OMSA.
Le zonage, cheval de bataille de la Bolivie
Depuis 2010, la Bolivie applique avec diligence un programme progressif de contrôle de la fièvre aphteuse, qui implique un zonage et l’obtention progressive d’un statut reconnu pour chaque zone. « Un grand soin a été apporté à la définition des zones, afin d’éviter d’éventuels conflits dans le commerce intérieur du bétail », écrit le Dr Hernán Oliver Daza, Délégué auprès de l’OMSA et Chef des Services vétérinaires de Bolivie. « Outre le respect des avancées de chaque étape de la démarche progressive, cela a permis la reconnaissance initiale de zones indemnes de fièvre aphteuse avec vaccination et, au cours des cinq dernières années, l’obtention d’un statut sans recours à la vaccination à l’échelle nationale. »
Les efforts déployés dans le cadre des partenariats public-privé ont permis au pays d’obtenir le statut de pays indemne de fièvre aphteuse sans pratique de la vaccination. Par ailleurs, l’utilisation de l’outil PVS dans le cadre de la planification stratégique visant à renforcer les Services vétérinaires en Bolivie s’est avéré être un élément clé et le restera. « Nous sommes pleinement conscients du fait que le changement de statut implique le maintien de nombreuses activités déjà en place sous le statut actuel », explique le Dr Daza. « Le maintien et le renforcement de ces actions représentent donc un engagement national en conformité avec les normes de l’OMSA et le Programme continental d’éradication de la fièvre aphteuse (PHEFA) et la coopération du PANAFTOSA, un Centre collaborateur de l’OMSA dans la région. »
La coopération au Brésil
«Le statut de pays indemne de fièvre aphteuse est extrêmement important pour le Brésil, car il représente l’aboutissement des efforts que nous déployons depuis des décennies », déclare le Dr Marcelo de Andrade Mota, Délégué auprès de l’OMSA et Directeur du Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage du Brésil. L’éradication de la fièvre aphteuse a constitué un processus long et difficile pour le Brésil, compte tenu de la taille du pays et de son énorme cheptel, qui compte plus de 234 millions de têtes de bétail. Le pays, divisé en 27 États, a mobilisé son système vétérinaire national, étatique et municipal pour garantir la présence de vétérinaires dans plus de 85 % des municipalités brésiliennes, y compris dans les zones reculées.
Ce statut indemne de fièvre aphteuse représente un jalon considérable pour le Brésil. L’élevage en Amérique du Sud est un élément essentiel de l’économie, et il n’est pas seulement important dans la région, mais aussi à l’échelle mondiale, car il contribue à la sécurité alimentaire.
Dr Marcelo de Andrade Mota, Délégué auprès de l’OMSA et Directeur du Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage du Brésil.
« Le Brésil est l’un des plus grands producteurs et exportateurs de viande bovine, et ce statut nous permet de poursuivre notre contribution à l’alimentation des populations du monde entier. », ajoute Dr de Andrade Mota.
La Mongolie renforce la surveillance de la fièvre aphteuse
« Le retrait de la validation par l’OMSA du programme de lutte contre la fièvre aphteuse en Mongolie a entraîné plusieurs effets importants », écrit le Dr Ayushjav Narantuya, Délégué auprès de l’OMSA et Chef des Services vétérinaires de Mongolie, « et son rétablissement apporte des avantages immédiats et à long terme dans plusieurs domaines ». Parmi ces derniers figurent l’amélioration des opportunités commerciales grâce à un meilleur accès au marché et à une plus grande compétitivité des exportations, des gains économiques dans le secteur de l’élevage, ainsi qu’un soutien et une collaboration internationale renforcés.
Pour atteindre ce stade, la Mongolie a œuvré au renforcement de ses activités de surveillance passive et active de la fièvre aphteuse, en particulier dans les zones à haut risque le long des frontières du pays, et a investi massivement dans la formation des vétérinaires et des inspecteurs avec l’aide de l’Agence générale des Services vétérinaires de Mongolie. Au cours de ce processus, le pays a reconnu l’importance d’impliquer ses citoyens de manière participative. « L’appropriation locale est importante », ajoute le Dr Narantuya, « l’implication de la communauté et l’instauration d’un climat de confiance sont des éléments clés d’une lutte efficace contre les maladies ».
La reconnaissance par l’OMSA des statuts zoosanitaires renforce les économies au niveau local, favorise la sécurité des échanges commerciaux et constitue un progrès dans la lutte mondiale contre les maladies du bétail. En outre, elle contribue à renforcer la santé animale dans toutes les régions, protégeant ainsi la santé humaine et les moyens de subsistance. Car la santé animale c’est aussi notre santé. C’est la santé de tous.
Lors de la Session Générale de cette année, un nouveau certificat a été décerné pour récompenser les Membres ayant fourni des efforts significatifs pour confiner et détruire les matériaux contenant le virus de la peste bovine conservés dans leurs installations.
Les Membres récompensés sont la France, pour la destruction complète de tous les matériaux de peste bovine à l’exception des vaccins destinés à la préparation internationale, et l’Inde, qui a été désignée comme Installation de Conservation du virus de la Peste Bovine et s’est engagée dans un processus de réduction de son inventaire dans le cadre de son nouveau mandat.
Cet événement marque la première fois que les Membres de l’OMSA reçoivent une telle reconnaissance, représentant une étape importante dans les efforts de long terme de l’organisation pour maintenir le monde exempt de cette maladie éradiquée – assurant ainsi la santé de tous.
La peste bovine est connue comme l’une des maladies du bétail les plus dévastatrices de l’histoire. Également appelée « peste des bovins », la maladie a eu des effets particulièrement graves sur les communautés dépendantes de l’élevage, provoquant des famines généralisées et ébranlant profondément le secteur agricole. Son éradication a été déclarée en 2011, en faisant la deuxième maladie virale éradiquée après la variole dans les années 1980. D’un point de vue économique, les bénéfices mondiaux liés à cette liberté chèrement acquise se chiffreraient en milliards de dollars.
Malgré son éradication sur le terrain, le virus de la peste bovine n’a pas entièrement disparu des laboratoires, douze institutions à travers le monde conservant encore des échantillons. La présence de ce virus pose un risque de réintroduction accidentelle de la maladie – voire, dans une moindre mesure, de libération délibérée par des acteurs malveillants. Les Membres de l’OMSA et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) se sont accordés pour que le virus ne soit conservé que dans des installations de conservation hautement sécurisées, inspectées et approuvées conjointement par les deux organisations. Huit de ces douze laboratoires répondent à ces critères.
Aujourd’hui, le meilleur moyen de prévenir la réapparition de la peste bovine est d’assurer la destruction des matériaux contenant le virus. Toutefois, certains scientifiques s’inquiètent de la perte irréversible de données virologiques, génétiques et de propriété intellectuelle que cette destruction implique. C’est pourquoi une initiative incitant les installations de conservation à effectuer un séquençage génomique des matériaux avant leur destruction a été largement adoptée.
La mise en œuvre du premier projet « Séquencer et détruire » a été dirigée par des scientifiques de l’Institut Pirbright – l’une des huit installations de conservation du virus de la peste bovine – avec pour objectif d’éliminer les échantillons de virus conservés dans l’institut, comme l’explique la Dre Carrie Batten, responsable du Laboratoire de référence pour les maladies non vésiculaires à Pirbright.
Le projet « Séquencer et détruire » comprend trois volets principaux :
- Données génétiques relatives aux isolats historiques du virus de la peste bovine;
- Mise en place d’une archive permanente de données génétiques, épidémiologiques et pathologiques ;
- Destruction du virus de la peste bovine.
L’établissement d’une archive permanente de données génétiques présente de nombreux avantages. Si jamais un virus vivant devait être nécessaire à nouveau, les avancées en biologie synthétique permettent aujourd’hui de le reconstituer relativement facilement à partir des données de séquence, afin de soutenir la recherche sur l’évolution virale et d’éclairer la lutte contre d’autres maladies animales et humaines causées par des virus similaires, comme le virus de la peste des petits ruminants (PPR). Cela signifie que, dans l’éventualité d’une réapparition de la peste bovine, la disponibilité immédiate d’informations génétiques dans des bases de données publiques permettrait de l’étudier et de retracer l’origine du virus.
« Il nous reste encore beaucoup à comprendre sur la peste bovine, car les campagnes d’éradication ont eu un impact sur l’évolution du virus lui-même », explique le Dr Arnaud Bataille du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).
Avec l’attribution du certificat à la France lors de la Session Générale de cette année, le CIRAD a démontré qu’il mérite la confiance de la communauté internationale pour la gestion sécurisée et la destruction du virus de la peste bovine.
C’est un accomplissement historique. Les derniers développements du projet ‘Séquencer et détruire’ nous montrent qu’il est essentiel de conserver la connaissance de cette maladie, qui pourrait s’avérer vitale pour comprendre les maladies de demain.
Marie-Christine Le Gal, WOAH’s Delegate of France.
Dans l’ensemble, le succès de la lutte contre la peste bovine – depuis son éradication révolutionnaire jusqu’aux récents efforts post-éradication et au séquençage des derniers stocks viraux mondiaux avant leur élimination – est une source d’inspiration pour la communauté de la santé mondiale. « La peste bovine offre un exemple fort d’unité et de sens commun du devoir au sein de notre profession », conclut la Dre Le Gal. « Cette unité a permis à l’ensemble du secteur de s’organiser, d’agir avec responsabilité et de progresser concrètement. C’est un modèle dont nous devrions nous souvenir et nous inspirer face aux nouveaux défis imprévisibles de notre domaine. »
En regardant vers l’avenir, l’OMSA soutient son Réseau d’Installations de Conservation du Virus de la Peste Bovine dans la démarche initiée par le CIRAD, en détruisant leurs stocks de matériaux, à l’exception des vaccins destinés à la préparation internationale. Les Membres de l’OMSA qui conservent encore des matériaux contenant le virus de la peste bovine en dehors des installations désignées sont encouragés à les détruire ou à soumettre une candidature pour être reconnus comme Installation de Conservation du Virus de la Peste Bovine.
La peste porcine africaine (PPA) est l’une des maladies les plus dévastatrices pour les porcs domestiques et les sangliers à travers le monde. Le taux de mortalité de cette maladie hémorragique hautement contagieuse peut atteindre les 100 %, ce qui fait de sa propagation une source d’inquiétude pour la santé animale, les économies locales, les moyens de subsistance des éleveurs et la biodiversité.
Depuis janvier 2022, au moins 12 pays ont notifié une première apparition de la PPA et au moins 11 pays ont signalé sa propagation à des zones jusque-là épargnées. Entre janvier 2022 et le 28 février 2025, la PPA a provoqué plus de deux millions de pertes d’animaux dans le monde (rapport en anglais), tout particulièrement en Asie et en Europe. Des pertes de cette ampleur peuvent s’avérer dramatiques. Les porcs, souvent élevés dans des élevages porcins de type familial, constituent la première source de revenus des ménages dans de nombreux pays. De plus, si elle n’est pas contrôlée, la PPA pourrait mettre en péril la sécurité alimentaire puisque la viande de porc représente 31 % de la consommation mondiale de protéines.
Bien que les pays touchés aient mis en œuvre et continuent de mettre en œuvre des mesures pour enrayer la propagation de la maladie, la lutte contre la PPA a toujours été difficile en raison de l’absence de vaccins ou de traitements efficaces. Ces dernières années, cependant, la communauté des chercheurs a fait de grands progrès dans la production de vaccins contre la PPA, dont certains ont été approuvés pour une utilisation sur le terrain dans un petit nombres de pays.
Une nouvelle norme relative aux vaccins
L’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) encourage l’innovation dans la mise au point de vaccins ; toutefois, il reste impératif que les vaccins utilisés sur le terrain soient de grande qualité et aient fait la preuve de leur innocuité et de leur efficacité. L’utilisation de vaccins de mauvaise qualité ou non conformes pourrait entraver les mesures de lutte contre la PPA, car ceux-ci pourraient ne pas offrir de protection contre la maladie. En effet, des vaccins inefficaces pourraient entraîner la propagation de la maladie ou la recombinaison des virus vaccinaux avec le virus de la PPA en circulation, créant ainsi de nouvelles souches susceptibles de se propager plus facilement et d’échapper à toute détection.
Cette année, lors de la 92e Session générale de l’OMSA, une norme relative aux vaccins contre la PPA a été adoptée, ce qui démontre la détermination de nos Membres à lutter contre la maladie et à utiliser des vaccins sûrs et conformes. Cette norme vise à fournir aux Membres et aux fabricants des critères minimaux de sécurité et d’efficacité des vaccins. Elle souligne combien il est nécessaire que les vaccins soient efficaces pour réduire la gravité de la maladie, limiter la transmission du virus et immuniser l’animal vacciné, réduisant ainsi les pertes de production dues à la PPA. Leur innocuité doit être prouvée avant leur utilisation, autrement dit, ils ne doivent pas provoquer de signes cliniques durables ou graves, nuire à l’environnement ou contenir des virus de la PPA sauvages ou d’autres agents nocifs. Enfin, ils doivent correspondre au génotype du virus de la PPA en circulation dans la région cible de la vaccination afin d’en garantir l’efficacité et de limiter le risque que deux souches différentes se combinent pour former une nouvelle souche plus difficile à gérer.
Contrôle de la PPA à plusieurs niveaux
La vaccination constitue un outil puissant si les vaccins sont fabriqués conformément aux normes internationales de l’OMSA. Toutefois, les progrès réalisés dans la mise au point de vaccins et le renforcement des normes internationales d’homologation des vaccins ne permettent pas de considérer la seule vaccination comme une méthode viable de contrôle de la PPA. Une gestion efficace de la maladie implique une association de pratiques de biosécurité, de mesures destinées à l’importation et de contrôle des mouvements d’animaux, les vaccins constituant une action complémentaire. La décision de vacciner contre la PPA doit incomber à l’Autorité vétérinaire et être prise en tenant compte de l’épidémiologie locale de la maladie et des ressources financières et humaines disponibles pour les opérations de vaccination et la surveillance post-vaccinale.
Grâce à un investissement continu dans la recherche, le contrôle de la PPA est à portée de main. Des vaccins efficaces et de haute qualité, associés aux mesures existantes de lutte contre la maladie, pourraient réduire considérablement les répercussions négatives de la PPA sur la santé animale et les moyens de subsistance des personnes.
La faune sauvage joue un rôle unique dans le fonctionnement et la survie de la planète. Des abeilles pollinisant les plantes aux prédateurs régulant les populations d’espèces et aux récifs coralliens stockant le carbone, la faune sauvage est un allié vital pour la Terre depuis des générations, créant des écosystèmes équilibrés comme nul autre.
L’OMSA reconnaît que la santé des humains, des animaux – sauvages et domestiques – et des écosystèmes sont intrinsèquement interdépendantes. Pour protéger l’un, il les faut protéger tous. Le paysage des risques actuels, cependant, est complexe et en constante évolution, le commerce illégal de la faune sauvage étant l’une des menaces existentielles les plus préoccupantes.
Dans ce contexte, l’OMSA accueille une nouvelle opportunité de renforcer sa mission en offrant le Secrétariat de l’Alliance internationale contre les risques sanitaires liés au commerce de la faune sauvage.
S’attaquer aux facteurs négligés des maladies dans le commerce de la faune sauvage
Les épidémies de maladies infectieuses et les pandémies ont montré au monde leur potentiel dévastateur. Récemment, avec la grippe aviaire, nous avons constaté de première main que les virus peuvent évoluer et s’adapter, ayant des impacts inhabituels sur les oiseaux sauvages et même les mammifères sauvages – des renards aux phoques.
Cependant, ce n’est pas le seul risque suscitant des préoccupations mondiales. La menace de transmission zoonotique depuis la faune sauvage reste dangereusement négligée. Les mammifères et oiseaux sauvages seuls sont censés abriter des centaines de milliers de virus encore inconnus – dont beaucoup pourraient potentiellement se transmettre aux humains.
Les facteurs d’origine humaine tels que le changement climatique, la déforestation et le commerce de la faune sauvage jouent un rôle significatif dans l’émergence de nouvelles maladies. Que ce soit légal ou illégal, le commerce de la faune sauvage peut poser des menaces uniques à la conservation des espèces – de la santé et du bien-être des animaux domestiques et sauvages aux équilibres des écosystèmes et à la santé humaine – à l’échelle locale et mondiale. En effet, dans les sociétés complexes d’aujourd’hui, le risque de transmission de pathogènes, d’émergence de maladies et de propagation mondiale est amplifié par l’interaction accrue entre les humains, la faune sauvage et les animaux domestiques. Le commerce légal et illégal de la faune sauvage représente une forme d’interaction.
Pourtant, les lacunes de connaissances sur les aspects socio-culturels de l’interaction entre l’homme et la faune sauvage ainsi que sur les processus de transmission de pathogènes signifient également qu’il existe encore un potentiel important pour atténuer le risque de futures transmissions. Et c’est exactement là que l’Alliance internationale contre les risques sanitaires liés au commerce de la faune sauvage intervient. Adoptant une approche « Une seule santé », l’Alliance forme une plateforme dynamique, interdisciplinaire et inclusive réunissant diverses disciplines du spectre « Une seule santé » pour rechercher des solutions aux problèmes complexes et urgents liés aux risques sanitaires dans le commerce des espèces animales sauvages.
Aujourd’hui, l’Alliance compte un réseau de plus de 180 organisations membres et 500 individus. S’appuyant sur des parcours diversifiés, une expertise scientifique et des perspectives locales, l’Alliance traduit l’engagement, les connaissances et la volonté politique de ses membres en un impact concret en fournissant des consultations et des orientations basées sur des données probantes aux autorités gouvernementales, en soutenant et en évaluant les interventions sur le terrain et en encourageant la collaboration entre disciplines, organisations et individus sur les questions liées aux risques sanitaires dans le commerce de la faune sauvage.
Le travail de l’Alliance se concentre sur deux domaines principaux. D’une part, elle s’engage à réduire substantiellement les risques de transmission zoonotique. Elle le fait en faisant progresser les réponses – y compris les changements comportementaux – aux risques pour la santé humaine et animale causés par les contacts directs et indirects avec la faune sauvage le long des chaînes d’approvisionnement du commerce de la faune sauvage. D’autre part, elle travaille à améliorer la sensibilisation, les connaissances et les politiques au niveau national et mondial, dans le but de combler le fossé entre la science et la mise en œuvre du commerce de la faune sauvage. Les divers projets mis en œuvre par les organisations membres de l’Alliance internationale, financés par l’Alliance ou menés indépendamment, se concentrent sur une variété de sujets – de la surveillance du paysage du commerce électronique de la faune sauvage pour évaluer les tendances mondiales à l’analyse des risques sanitaires mondiaux associés aux produits de la faune sauvage chassés et commercialisés comme viande de brousse au Nigéria.
Pendant sa présidence de l’Alliance, la GIZ a constamment partagé des connaissances et sensibilisé aux risques sanitaires liés au commerce de la faune sauvage dans le contexte de « Une seule santé » en s’appuyant sur des équipes interprofessionnelles et multidisciplinaires dans un esprit véritablement collégial et collaboratif. Grâce à son adhésion active et diversifiée, l’Alliance a pu fournir une plateforme à ses membres pour échanger des idées et apprendre, tout en aidant les gouvernements à mettre en œuvre des politiques pour réduire les risques sanitaires liés au commerce de la faune sauvage.
Action collective pour un avenir partagé
En reconnaissant leurs liens étroits et leur interdépendance, l’OMSA envisage un monde où les personnes, les animaux et leurs écosystèmes environnants coexistent de manière saine et s’engagent dans des interactions mutuellement bénéfiques. Sauvegarder la nature dans son ensemble bénéficie aux espèces et à leurs habitats, mais cela jette aussi les bases d’une planète plus durable.
En tant qu’organisation intergouvernementale, l’OMSA croit fermement que la meilleure santé animale, environnementale et humaine inclut le traitement des risques sanitaires associés au commerce de la faune sauvage. C’est dans cette veine qu’un ensemble de lignes directrices récemment publié a jeté une lumière clarifiante sur le paysage des dangers et défini les étapes nécessaires dans l’évaluation des risques, en suggérant des moyens de minimiser les risques de maladies dans le commerce de la faune sauvage. L’OMSA était également représentée au comité directeur de l’Alliance et membre actif du réseau, contribuant à deux groupes de travail.
L’organisation est catégorique que ce nouveau rôle en tant que Secrétariat de l’Alliance permettra des connexions plus profondes entre les Services Vétérinaires – qui sont traditionnellement responsables de la santé animale – et le groupe diversifié d’experts sur lequel l’Alliance est construite.
« Ces dernières années, l’OMSA a lancé un Cadre de Santé de la Faune, qui réaffirme les responsabilités des Services Vétérinaires et leur fournit des outils et des compétences nécessaires pour aborder pleinement les questions de santé de la faune et inclure la santé de la faune dans les activités de routine », déclare la Directrice Générale de l’OMSA Emmanuelle Soubeyran. « L’OMSA devenant le prochain hôte du Secrétariat met en évidence un chevauchement fort avec les objectifs de l’Alliance et offre une opportunité unique de renforcer les synergies. Cette intégration est essentielle pour construire un système plus cohérent et efficace pour sauvegarder la santé aux interfaces entre humains, animaux et environnement. »
Ce nouveau chapitre commencé dans notre parcours pour la faune marque une étape importante pour l’OMSA et est quelque chose dont nous sommes extrêmement fiers. Nous vivons dans un écosystème délicat, dont la fonctionnalité dépend aussi de notre action.
Directrice Générale de l’OMSA Emmanuelle Soubeyran
Le processus de transfert de l’Alliance a commencé en janvier de cette année, avec la GIZ transférant progressivement les responsabilités à l’OMSA jusqu’en 2026. Cela signifie que l’OMSA assumera un rôle de Secrétariat, tandis que la gouvernance de l’Alliance conservera sa nature dirigée par les membres, d’incubateur et de centre de connaissances, avec l’opportunité de nourrir une vision partagée tout en apportant aussi de nouvelles idées sur la table. En suivant les traces de son prédécesseur la GIZ, l’organisation voit cette opportunité comme une force puissante dans l’approche « Une seule santé », avec l’objectif ultime d’améliorer la santé pour tous.
« Nous sommes très fiers et enthousiastes à propos de ce nouveau chapitre dans le parcours de la faune de l’OMSA », conclut la Dre Soubeyran. «] Avec son expertise sur le large spectre de la santé animale, je suis confiante que l’organisation contribuera à rendre les productions et les résultats des Membres de l’Alliance visibles, significatifs et durables, pour aider à faire face aux défis imprévisibles et changeants de demain. »
Les normes de santé et de bien-être des animaux aident les pays à prévenir et à contrôler la propagation des maladies, tout en soutenant les mouvements d’animaux en toute sécurité et le commerce international. L’élaboration de ces normes est une activité essentielle de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), qui s’appuie sur des données scientifiques et les dernières informations disponibles pour établir un consensus entre ses Membres sur des mesures efficaces permettant de gérer et de combattre un large éventail de maladies.
Le Botswana constitue un exemple convaincant de l’impact positif que peuvent avoir les normes sur la santé animale et les activités humaines, comme l’a montré le deuxième cycle de l’analyse des données réalisée pour le prochain Deuxième Rapport de suivi de l’Observatoire. Il est ainsi possible d’identifier le Botswana comme un pays ayant réussi à mettre en œuvre les normes relatives au contrôle des mouvements, aux précautions aux frontières, au zonage et à la reconnaissance officielle du statut sanitaire.
Le Deuxième Rapport de suivi de l’Observatoire
Le mandat de l’Observatoire est d’évaluer l’adoption des normes de l’OMSA par ses Membres. Le Deuxième Rapport de suivi de l’Observatoire, dont les conclusions figurent également dans le tout premier rapport sur la Situation mondiale de la santé animale, fournit des informations sur leur mise en œuvre à l’échelle mondiale, tout en établissant une base de référence pour l’élaboration en cours du huitième plan stratégique de l’OMSA. L’approche innovante du rapport repose sur des données issues à la fois des projets de l’OMSA tels qu’ANIMUSE, PVSIS ou WAHIS, et de sources externes.
Le nouveau rapport fournit des informations utiles sur l’utilisation et la résistance aux antimicrobiens, le contrôle des mouvements au sein des pays/territoires et les précautions aux frontières, le zonage et la compartimentation, la mise en œuvre de l’approche Une seule santé, les auto-déclarations et les statuts officiels, ainsi que sur le commerce et les mesures sanitaires.
Succès en matière de contrôle des mouvements et de précautions aux frontières
L’analyse croisée des données réalisée par l’Observatoire a révélé que le Botswana constitue un exemple notable. En analysant les informations relatives au contrôle des mouvements à l’intérieur des territoires et aux précautions aux frontières, le Botswana a été identifié comme l’un des pays ayant mis en œuvre efficacement ces deux mesures en réponse à une flambée de maladie signalée via le Système mondial d’information zoosanitaire (WAHIS).
Durant la même période, il a également reçu une évaluation positive du Système d’information sur la performance des Services vétérinaires (PVSIS). Ces deux initiatives de l’OMSA offrent des perspectives complémentaires : WAHIS suit les flambées de maladies animales et les mesures de contrôle prises par les Membres, tandis que PVSIS évalue la capacité des Services vétérinaires nationaux. Leur analyse combinée dans la deuxième édition du Rapport de suivi de l’Observatoire approfondit notre compréhension de l’impact du contrôle des mouvements et des précautions aux frontières dans la gestion des risques sanitaires liés aux animaux.
Consultez la fiche d’information complète sur les autodéclarations et les statuts officiels.
Le Botswana est représenté par l’un des points orange dans le graphique ci-dessus – un sous-groupe au sein de la plus grande catégorie grise. Cela indique que les Services vétérinaires du Botswana ont démontré, à travers une évaluation indépendante, leur capacité à mettre en œuvre des mesures de contrôle des mouvements en établissant un système d’identification, de traçabilité et de contrôle des déplacements des animaux ciblant certaines sous-populations animales, conformément aux normes de l’OMSA.
En ce qui concerne les précautions aux frontières, les évaluateurs ont constaté que le Botswana était en mesure d’appliquer des procédures de quarantaine et de sécurité frontalière à tous les points d’entrée officiels. Toutefois, ces procédures ne permettent pas encore de traiter systématiquement les activités illégales liées à l’importation d’animaux, de produits d’origine animale et de produits vétérinaires.
Reconnaissance officielle du statut indemne de maladies
La mise en œuvre de ces normes pertinentes a été essentielle pour obtenir et maintenir un statut officiel indemne de maladies. Aujourd’hui, le Botswana est officiellement reconnu par l’OMSA comme indemne de péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) et de peste des petits ruminants (PPR) sur l’ensemble du territoire, ainsi que de fièvre aphteuse (FA) dans certaines zones spécifiques. Il fait partie des rares pays en Afrique à bénéficier d’un statut indemne reconnu par l’OMSA, une réussite qui peut avoir un impact significatif sur l’économie d’un pays.
« Notre mandat est de contribuer au développement de l’économie nationale à travers l’agriculture », a déclaré Kefentse Motshegwa, Directeur des Services vétérinaires du Botswana et Délégué de l’OMSA. « Grâce au statut indemne de maladies, nos producteurs peuvent accéder à des marchés de premier plan, comme l’Europe, où ils peuvent vendre leurs produits à de meilleurs prix.
« Actuellement, le Botswana exporte du bœuf, mais maintenant que nous disposons d’une infrastructure fiable de lutte contre les maladies, soutenue par des politiques solides et une volonté politique forte, nous avons le potentiel d’augmenter la production et de nous diversifier vers d’autres produits, comme la viande d’agneau et de chèvre, voire les animaux vivants. » a déclaré Kefentse Motshegwa, Directeur des Services vétérinaires du Botswana et Délégué de l’OMSA.
Ce statut indemne est un outil puissant pour améliorer les conditions de vie des communautés et aider les populations à vivre de leurs activités.
Kefentse Motshegwa, Directeur des Services vétérinaires du Botswana et Délégué de l’OMSA.
Consultez la fiche d’information complète sur le contrôle des mouvements à l’intérieur des pays/territoires et les précautions aux frontières
Transparence sur la performance des Services vétérinaires
Le Botswana a également fait le choix de la transparence concernant ses services de santé animale, en décidant de rendre publics les rapports de ses Évaluations des performances des Services vétérinaires (PVS) sur le portail PVSIS. Bien que les pays soient libres de choisir s’ils souhaitent ou non divulguer les résultats de ces évaluations, l’OMSA encourage cette pratique, car elle contribue à renforcer les relations internationales dans des domaines tels que le commerce, l’investissement et le développement.
« Je crois qu’en tant que nation, nous faisons preuve d’une grande transparence », a déclaré Kefentse Motshegwa. « Et cela peut être bénéfique à bien des égards. En partageant ouvertement nos faiblesses et les risques auxquels nous sommes confrontés, nous pouvons réellement instaurer un climat de confiance avec nos pays voisins et nos partenaires commerciaux. Nous avons constaté qu’en communiquant honnêtement sur nos défis, nous avons amélioré nos chances de recevoir du soutien. Cette transparence est appréciée par notre propre gouvernement, et elle nous aide à être clairs avec nos partenaires de développement sur nos besoins et les progrès réalisés. »
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Mise en œuvre des normes de l'OMSA: Le Deuxième Rapport de Suivi de l'Observatoire
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The Second Observatory Monitoring Report: Self Declarations and Official Status
La première parution du rapport State of the World’s Animal Health (« État de la santé animale dans le monde ») de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) met en avant le rôle de la vaccination dans la préservation de la santé animale. L’accent mis sur la vaccination se reflète dans l’initiative ambitieuse du Bhoutan pour lutter contre la rage.
En 2021, à la suite d’un décret royal, le pays a lancé son initiative la plus ambitieuse en matière de santé animale : le programme national de gestion de la population canine et de lutte contre la rage (Nationwide Dog Population Management and Rabies Control Progamme), dont l’objectif est de réaliser une vaccination antirabique de masse ainsi qu’une stérilisation à 100 % des chiens errants. En octobre 2023, le pays, qui compte plus de 100 000 chiens, avait réussi à stériliser tous les chiens errants et à atteindre un taux de couverture vaccinale contre la rage de 90 % dans la population. Aujourd’hui presque indemne de la rage, le pays s’efforce de pérenniser sa réussite, en confiant le contrôle aux autorités locales et en regardant au-delà de ses propres frontières pour atteindre le statut de pays indemne de la rage d’ici à 2030.
La rage au Bhoutan
À l’heure où nous écrivons ces lignes, la rage n’est pas présente dans l’ensemble du pays, qui est divisé en 20 divisions administratives appelées dzongkhags, mais principalement dans les régions du sud et de l’est, en raison de la proximité de ces dernières avec la frontière nationale. Toutefois, cela n’a pas toujours été le cas. « Bien que les archives officielles soient limitées, des recherches ont montré que dans les années 1970 et 1980, la rage était répandue dans de nombreuses régions du pays », explique la Dre Rinzin Pem, directrice des Services vétérinaires du Bhoutan. « Dans les années 1980, les efforts de contrôle étaient axés sur l’abattage massif des chiens. Toutefois, le public s’est fortement opposé à cette approche, reflétant ainsi le respect culturel et spirituel de la nation bhoutanaise pour la vie et la désapprobation générale de la mise à mort des animaux. »
En fait, l’opposition de l’opinion publique a été un facteur important qui a conduit le pays à trouver d’autres solutions. « Le Bhoutan est un petit pays où les communautés sont très unies, de sorte que l’influence de l’opinion publique s’est révélée être majeure, poursuit la Dre Pem. La prise de conscience du fait que la vaccination était une alternative à l’abattage, fondée sur des éléments probants, a finalement conduit à un changement de stratégie. »
L’action nationale du Bhoutan
Outre la confiance du public dans les Services vétérinaires gérés par le gouvernement national, les premières campagnes de vaccination du Bhoutan ont été étayées par de vastes programmes de sensibilisation et de plaidoyer, en particulier dans les écoles des dzongkhags à haut risque, qui ont encouragé la gestion de la population canine et favorisé une large acceptation par le public des efforts de vaccination. Des services de santé animale bien établis ont permis aux initiatives de vaccination de s’appuyer sur un réseau solide. Ces facteurs, associés à la distribution gratuite de vaccins antirabiques par les agents de l’État, ont permis d’obtenir un soutien important de la part du public et de poursuivre les programmes de vaccination annuels.
Fort de ces campagnes annuelles, le Bhoutan a lancé en 2021, par décret royal, le programme national de gestion de la population canine et de lutte contre la rage. Il s’agit de la plus grande opération coordonnée de vaccination et de stérilisation que le pays n’ait jamais entreprise à ce jour. Il s’agit d’une approche nationale dans le cadre de laquelle les Services vétérinaires du Bhoutan ont obtenu des ressources financières, impliqué les communautés et travaillé avec quelque 12 000 volontaires, connus localement sous le nom de « Desuups ».
« Auparavant, explique la Dre Pem, nos efforts de vaccination étaient plus ponctuels et dépendaient des ressources disponibles. Nous avons toujours visé une couverture vaccinale de 70 %, mais les contraintes financières ont souvent limité notre rayon d’action ». La campagne nationale a complètement changé la donne, en garantissant une approche plus systématique et plus efficace. « Si vous visitez le Bhoutan aujourd’hui, explique-t-elle, vous remarquerez que tous les chiens errants dans les rues ont une entaille sur une oreille. Cela signifie qu’ils sont stérilisés et vaccinés ».
Perspectives
Le défi à relever consiste maintenant à pérenniser les résultats positifs de l’initiative. « Pour préserver ce que nous avons accompli, explique la Dre Pem, nous avons transféré la responsabilité aux autorités locales, qui sont maintenant chargées de maintenir la stérilisation des chiens errants à 100 % et d’assurer une couverture vaccinale d’au moins 70 % contre la rage. » Par ailleurs, l’initiative vise à maintenir un taux de vaccination de 100 % pour les chiens de compagnie, en particulier dans les zones à haut risque, et des modifications réglementaires ont été introduites pour maintenir un taux élevé de vaccination, notamment en ce qui concerne les exigences relatives aux laisses et aux micropuces pour les animaux de compagnie. Ces mesures réglementaires permettront au pays d’atteindre le statut de pays indemne de rage d’ici à 2030.
Malgré le succès retentissant du programme, il reste encore des défis à relever. L’un d’entre eux est la nature transfrontalière de la maladie. Pays enclavé, le Bhoutan est confronté à des foyers occasionnels dus à des incursions transfrontalières. Pour tenter d’atténuer ce problème, le pays a expérimenté un programme de vaccination transfrontalier en collaboration avec les pays voisins en 2024. « Nous continuons à encourager une collaboration soutenue, mais la mise en œuvre prend du temps, explique la Dre Pem. Elle demeure pourtant optimiste : « En tant que communauté mondiale, nous devons changer notre manière de voir les choses. Nous ne pouvons pas penser uniquement en termes de frontières nationales ; les maladies ne connaissent pas de frontières. Le renforcement de la collaboration régionale est la seule façon d’aller de l’avant. »
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La situation mondiale de la santé animale
Au cours des dernières décennies, les antimicrobiens ont été utilisés de nombreuses façons non essentielles, telles que pour favoriser la croissance des animaux. Les preuves scientifiques montrent que l’utilisation irresponsable conduit au développement et à la propagation de la résistance aux antimicrobiens (RAM), une menace majeure pour la santé des animaux et des humains, avec des conséquences économiques importantes. Mesurer la quantité d’antimicrobiens administrée aux animaux est essentiel pour comprendre les schémas et les tendances d’utilisation, garantir le respect des normes internationales sur l’utilisation responsable et, finalement, éviter des problèmes de santé, des décès et des pertes économiques.
Reconnaissant ce besoin, l’OMSA a publié son neuvième rapport sur les agents antimicrobiens destinés à être utilisés chez les animaux (rapport AMU). En analysant des données couvrant 71 % de la biomasse animale, le rapport révèle une réduction de 5 % entre 2020 et 2022 – l’année où l’ensemble de données le plus complet a été enregistré.
Les experts de la santé et les décideurs sont bien conscients des risques liés à la RAM, et de nombreux progrès ont été réalisés pour réduire les utilisations inutiles d’antimicrobiens. En septembre 2024, les États membres des Nations Unies ont signé la Déclaration politique de la Réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens. Dans le cadre de cet engagement officiel, les pays se sont engagés à œuvrer en faveur d’une réduction de l’utilisation mondiale des antimicrobiens en santé animale et en agriculture. Cela implique d’investir dans la prévention et le contrôle des infections, tout en encourageant tous les pays à transmettre, via les systèmes mondiaux de surveillance existants, des données de surveillance de haute qualité sur la résistance et l’utilisation des antimicrobiens.
ANIMUSE, la base de données mondiale de l’OMSA sur l’utilisation des antimicrobiens, a été conçue pour collecter et partager publiquement des données mondiales et régionales sur l’utilisation des antimicrobiens fournies par les autorités nationales de santé animale.
Ce que nous révèle le nouveau rapport AMU
Le neuvième rapport AMU, dont les conclusions figurent également dans la toute première édition de la Situation mondiale de la santé animale, représente une augmentation de 6 % de la biomasse animale par rapport à l’édition précédente – une expansion notable de la couverture. La biomasse animale est un indicateur reconnu au niveau international, calculé afin de mieux analyser et interpréter les tendances de l’utilisation des antimicrobiens.
Utilisée comme dénominateur pour les quantités d’antimicrobiens rapportées par les différents pays, elle a permis à l’OMSA d’estimer qu’entre 2020 et 2022, la quantité d’antimicrobiens destinés à être utilisés chez les animaux est passée de 102 mg à 97 mg d’agents antimicrobiens par kilogramme de biomasse animale, ce qui correspond à la réduction de 5 % mentionnée précédemment.
Le rapport démontre la participation constante de 157 pays à l’enquête annuelle de l’OMSA, dont 111 ont fourni des données quantitatives sur l’utilisation des antimicrobiens. Grâce à cette participation, le rapport AMU de cette année offre de nouvelles perspectives intéressantes. Pour la première fois, une analyse distincte des données provenant du Moyen-Orient a pu être réalisée ; en outre, le rapport présente une comparaison entre les animaux terrestres et aquatiques destinés à la production alimentaire. La couverture a atteint 47 % de la biomasse animale terrestre et 64 % de la biomasse aquatique, ce qui améliore la précision de l’analyse et, par conséquent, la compréhension de l’utilisation des antimicrobiens à l’échelle mondiale.
Tendances de l’utilisation des antimicrobiens

En prenant en compte les données de 85 participants ayant fourni de manière continue des données quantitatives entre 2020 et 2022 – couvrant 62 % de la biomasse animale mondiale – la diminution mondiale de 5 % de l’utilisation des antimicrobiens se reflète dans la majorité des régions de l’OMSA. L’Afrique, les Amériques, l’Europe ainsi que l’Asie et le Pacifique ont signalé des réductions constantes : -20 %, -4 %, -23 % et -2 % respectivement, tandis que le Moyen-Orient a enregistré une augmentation de 43 %. Toutefois, les experts d’ANIMUSE ont souligné que l’utilisation des antimicrobiens dans cette région reste la plus faible de toutes, ne représentant que 0,3 % de la biomasse mondiale et 0,04 % des quantités mondiales déclarées.
Le respect total de l’usage responsable reste à atteindre
Les normes, lignes directrices et recommandations internationales de l’OMSA ne reconnaissent pas l’utilisation des antimicrobiens à des fins de promotion de la croissance comme un usage responsable, et encouragent les pays à éliminer complètement cette pratique. Bien que le rapport montre que 71 % des participants à l’enquête ont mis fin à cette méthode, 22 % continuent à y recourir. Parmi les répondants utilisant des promoteurs de croissance chez les animaux, 7 % ont déclaré utiliser au moins un antimicrobien classé comme étant d’importance critique prioritaire pour la santé humaine, tels que la colistine, l’enrofloxacine et la fosfomycine.
L’utilisation des antimicrobiens pour accroître la productivité animale, plutôt que pour traiter, contrôler ou prévenir les infections, est particulièrement dangereuse, car elle peut contribuer au développement de la RAM. Celle-ci survient lorsque les microbes s’adaptent et deviennent résistants aux traitements, rendant les infections plus difficiles – voire impossibles – à soigner. Par conséquent, lorsque les animaux ou les humains ont réellement besoin d’un traitement antimicrobien, celui-ci peut ne plus être efficace en raison de cette résistance.
Il est urgent d’agir contre la résistance aux antimicrobiens
En 2022, année des données présentées dans le rapport, la résistance aux antimicrobiens était directement responsable de 1,15 million de décès humains. Les projections montrent que, sans action, les bactéries résistantes aux médicaments pourraient entraîner 38,5 millions de décès humains entre 2025 et 2050, soit un bilan annuel 60 % plus élevé qu’aujourd’hui, avec une charge sanitaire particulièrement lourde pour les personnes âgées et les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Pour toutes ces raisons, il est fondamental d’agir dès maintenant contre la résistance aux antimicrobiens, en réduisant notamment leur utilisation chez les animaux, afin de garantir une meilleure santé et un meilleur bien-être tant pour les animaux d’élevage que pour les êtres humains. Un effort coordonné et opportun, reposant sur l’approche One Health, est la seule voie pour sauver des vies et préserver les ressources.
Il existe de nombreuses façons d’éviter l’utilisation inutile d’antimicrobiens. Une bonne gestion de l’élevage et une biosécurité rigoureuse sont essentielles et ne doivent jamais être remplacées par des traitements antimicrobiens. Les éleveurs et les décideurs devraient accorder la priorité à la prévention, notamment en investissant dans la vaccination, qui permet de prévenir les maladies et de réduire le recours aux traitements antimicrobiens.
L’OMSA continuera de jouer un rôle de premier plan dans les efforts de réduction de la RAM, en travaillant aux côtés de ses Membres et en plaidant pour des systèmes nationaux de surveillance bien dotés en ressources. La collecte, le partage et l’analyse des données sont essentiels pour réduire l’utilisation des antimicrobiens et prendre des décisions fondées sur la science et les données probantes, pour un avenir en meilleure santé.
Vous-avez lu ?
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Fiche descriptive
Moins d’antimicrobiens sont utilisés chez les animaux
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Rapport, Annuel
Neuvième Rapport annuel sur les agents antimicrobiens destinés à être utilisés chez les animaux (en anglais)
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L’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), ou grippe aviaire, ne cessant d’affecter les oiseaux sauvages et domestiques ainsi que les mammifères, la vaccination contre le virus est de plus en plus envisagée comme un outil complémentaire aux mesures de biosécurité et de contrôle déjà mises en œuvre pour gérer la maladie. Dans le cadre de la première édition du rapport sur la Situation mondiale de la santé animale, publiée par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), l’Organisation mondiale des œufs (World Egg Organisation – WEO) fait part de ses réflexions sur la manière dont la vaccination pourrait protéger les poules pondeuses et préserver la production d’œufs.
Entretien avec Julian Madeley (Directeur général de l’Organisation mondiale des œufs)
Compte tenu de votre expérience, comment avez-vous vu évoluer l’approche de la gestion de l’IAHP au fil des ans ?
Julian Madeley (J. M.) : Depuis de nombreuses années, l’Organisation mondiale des œufs défend le rôle d’une biosécurité efficace en tant qu’outil primordial dans la lutte contre l’influenza aviaire, et nous continuerons à le faire. Nous avons constaté l’adoption de pratiques de biosécurité de haut niveau dans les exploitations.
Nous avons constaté que des protocoles et des contrôles de biosécurité rigoureux pouvaient réduire le risque de maladie. Nous avons également observé que des élevages d’œufs bénéficiant d’une excellente biosécurité ont été touchés par des foyers de maladie.
En raison de l’évolution rapide de ce virus, les stratégies de prévention et de contrôle existantes ne suffisent plus. Les producteurs d’œufs ont désormais besoin d’un véritable accès à des programmes de vaccination contre l’influenza aviaire qui soient efficaces et applicables, et qui constituent un moyen supplémentaire de lutte contre la maladie.
Quel rôle la vaccination devrait-elle jouer dans la stratégie globale de lutte contre l’influenza aviaire, parallèlement aux mesures de biosécurité ?
J. M. : Celui d’un instrument supplémentaire et d’une mesure complémentaire, à utiliser parallèlement aux mesures de biosécurité et de contrôle.
En tant que producteurs d’œufs, nous avons deux rôles essentiels à jouer : le premier consiste à veiller à la santé et au bien-être de nos animaux, et le second à fournir des aliments hautement nutritifs à la population. La vaccination nous permettra d’atteindre ces deux objectifs. Elle nous permettra de continuer à assurer la santé et le bien-être des animaux, tout en proposant une source d’alimentation de haute qualité.
Quels sont les principaux défis ou idées fausses entourant l’utilisation de la vaccination contre l’IAHP ?
J. M. : Une idée fausse très répandue voudrait que la vaccination risque de créer des mutations virales, alors qu’en réalité elle réduit l’exposition des humains et la contamination de l’environnement, sans parler des avantages sur le plan économique et sur celui du bien-être des animaux.
Les principaux défis à relever sont le coût de la surveillance, les incidences sur les autres secteurs de l’industrie avicole et le commerce.
Comment voyez-vous les organisations internationales telles que l’OMSA et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) influencer l’avenir des politiques de vaccination en matière de santé animale ?
Quel rôle les acteurs de l’industrie, tels que l’Organisation mondiale des œufs, devraient-ils jouer pour soutenir les efforts de vaccination ?
J. M. : Une approche mondiale coordonnée des stratégies de vaccination contre l’influenza aviaire hautement pathogène est nécessaire, appuyée par des orientations claires en matière de surveillance et des mesures appropriées pour atténuer les conséquences sur les échanges commerciaux.
Le rôle de l’Organisation mondiale des œufs est de servir de pont entre l’OMSA et la FAO et les producteurs d’œufs. Nous jouerons un rôle actif dans la mise en œuvre de la stratégie de l’OMSA et de la FAO, en développant des outils pratiques pouvant être utilisés dans les exploitations, afin d’encourager l’excellence en matière de biosécurité et d’aider les producteurs d’œufs qui ont recours à la vaccination à le faire de la manière la plus efficace possible.
Comment les gouvernements et les acteurs du secteur privé peuvent-ils collaborer pour garantir que les vaccins soient largement accessibles et mis en œuvre de façon efficace ?
J. M. : Alors que de plus en plus de pays dans le monde commencent à vacciner leurs poules pondeuses contre l’influenza aviaire, nous devons établir des lignes directrices sur les meilleures pratiques au niveau mondial. L’Organisation mondiale des œufs a élaboré des lignes directrices destinées aux exploitations et sera heureuse de partager ses travaux, afin de s’assurer qu’ils complètent les stratégies de haut niveau élaborées par l’OMSA et la FAO.
La première étape de la vaccination contre l’IAHP consiste à définir un objectif stratégique et tous les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif sur la base des données scientifiques disponibles.
La vaccination contre l’IAHP nécessite toujours une collaboration très étroite entre toutes les parties prenantes, en particulier les services vétérinaires, les agences de réglementation, l’industrie pharmaceutique, les vétérinaires et l’ensemble de l’industrie avicole.
Elle nécessite une définition claire des rôles et des responsabilités de chaque acteur de la chaîne, du fabricant de produits pharmaceutiques aux producteurs et à tous les acteurs intermédiaires.
Le plan de vaccination doit être transparent pour toutes les parties prenantes, y compris les détaillants et les consommateurs. Les responsabilités financières relatives aux vaccins, à la vaccination et à la surveillance doivent faire l’objet d’un accord avant la mise en œuvre.
À l’avenir, quels seront, selon vous, les facteurs les plus déterminants pour parvenir à une meilleure maîtrise de l’IAHP à l’échelle mondiale ?
J.M. : La lutte contre l’influenza aviaire nécessite une approche unifiée.
Dans l’état actuel des choses, l’IAHP est endémique chez les oiseaux sauvages et le restera. La biosécurité à elle seule s’est avérée insuffisante pour protéger la production d’œufs dans le contexte actuel. La prévisibilité des foyers est faible et dépend du comportement des oiseaux sauvages, qui change en fonction des conditions saisonnières et climatiques.
Dans un tel contexte, il est essentiel de mieux comprendre l’épidémiologie grâce à la recherche fondamentale afin d’améliorer la biosécurité. Une approche intelligente de la vaccination chez les espèces et dans les zones à haut risque constitue une couche de protection supplémentaire qui semble essentielle aujourd’hui.
À propos de Julian Madeley
Julian Madeley est le directeur général de l’Organisation mondiale de l’œuf, où il dirige le développement stratégique de l’organisation et défend les avantages mondiaux des œufs pour la santé et la nutrition humaines. Passionné par la sensibilisation au rôle de l’œuf dans l’amélioration des conditions de vie dans le monde entier, Julian apporte à son poste une vaste expérience internationale.
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Situation mondiale de la santé animale
La transparence, la confiance dans le système de certification et la stabilité épidémiologique sont essentielles pour encourager les pays à reconnaître le zonage d’un partenaire commercial, selon une nouvelle étude de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA).
L’Observatoire, le programme transversal de l’OMSA qui évalue la mise en œuvre mondiale des normes internationales de santé et de bien-être animal, a publié la deuxième partie de sa toute première étude thématique sur le zonage et la compartimentation. Portant spécifiquement sur le zonage, cette publication enrichit les connaissances existantes sur le sujet grâce à de nouvelles données et analyses statistiques.
Qu’est-ce que le zonage ?
Le zonage est une pratique qui permet aux autorités vétérinaires de gérer des sous-populations d’animaux présentant un statut sanitaire spécifique, en les séparant d’autres groupes d’animaux au sein d’un même pays. Cette séparation, principalement fondée sur des critères géographiques, permet aux pays de prévenir et de maîtriser les maladies tout en assurant la continuité des échanges pour les animaux sains et les produits d’origine animale.
Bien que l’OMSA propose des orientations sur le zonage dans ses codes terrestres et aquatiques, la mise en œuvre effective des normes de zonage demeure un défi pour de nombreux pays et territoires. C’est pourquoi l’Observatoire a mené sa toute première étude thématique, intitulée Utilisation, défis et impact du zonage et de la compartimentation. La première partie, publiée en 2024, a fourni des informations précieuses sur le niveau d’utilisation des normes de zonage, en se concentrant sur l’influenza aviaire, la peste porcine africaine et la fièvre aphteuse.
S’appuyant sur ces résultats, la deuxième partie de l’étude va au-delà des perceptions des pays Membres en intégrant des données issues de la même enquête, ainsi que des jeux de données internes et externes de l’OMSA. Cette analyse examine les relations statistiques entre plusieurs facteurs et l’acceptation des zones par les partenaires commerciaux, en fournissant des perspectives à la fois du point de vue des importateurs et des exportateurs.
Résultats de l’étude
L’étude a identifié 36 facteurs influençant l’acceptation des zones par les partenaires commerciaux. Dans la première partie de l’étude, les pays Membres de l’OMSA – qui peuvent être à la fois importateurs et exportateurs d’animaux ou de produits d’origine animale – ont été invités à classer 16 facteurs selon leur importance. Dans la deuxième partie, les chercheurs ont évalué ces facteurs, ainsi que d’autres jugés pertinents, afin d’en mesurer la signification statistique par rapport à l’acceptation des zones. Au-delà de la liste des facteurs, certaines tendances se révèlent particulièrement marquantes.
En résumé, la transparence a été reconnue comme le facteur le plus important tant par les importateurs que par les exportateurs, suivie de près par la confiance dans le système de certification des animaux et des produits d’origine animale, ainsi que par la mise en œuvre des normes de zonage et de compartimentation de l’OMSA. L’importance de ces concepts – décrits en détail dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres élaboré par l’OMSA – a été confirmée par l’analyse statistique.
Dans le cadre de l’étude, des exemples concrets de transparence incluaient : la déclaration des événements sanitaires via le Système mondial d’information zoosanitaire (WAHIS), la reconnaissance officielle du statut sanitaire par l’OMSA, l’autodéclaration du statut de zone sur les plateformes de l’Organisation, ou encore la capacité à fournir un rapport récent sur la performance des services vétérinaires.
Indépendamment des preuves statistiques, deux autres facteurs ressortent comme particulièrement significatifs dans les perceptions des importateurs et des exportateurs. Alors que les exportateurs accordent davantage d’importance que les importateurs à l’existence de procédures bilatérales, les deux parties s’accordent sur l’importance d’une situation épidémiologique stable pour accepter les zones mises en place par leurs partenaires commerciaux.
L’élaboration de normes internationales en matière de santé et de bien-être animal, fondées sur les dernières connaissances scientifiques, est au cœur du mandat de l’OMSA. L’étude thématique développée par l’OMSA – ainsi que d’autres à venir sur divers sujets liés à ces normes – vise à renforcer leur mise en œuvre, en fournissant des données probantes et des orientations aux décideurs et aux professionnels de la santé animale.
Lire l’étude complète
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Publication, Rapport
Utilisation, problématiques et impacts du zonage: Partie 2
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